Député Condamné – Les Autorités Ivoiriennes Répriment la Liberté d’Expression en Ligne

0
646
Alain Lobognon, Membre de l’Assemblée Nationale, Cote d’Ivoire

En ce qui devient une répression inquiétante de la liberté d’expression en ligne en Côte d’Ivoire, un tribunal d’Abidjan a condamné un opposant, membre de l’Assemblée Nationale à un an de prison pour une de ses publications sur Twitter.

Alain Logbognon a également été condamné à une amende de 300 000 francs CFA (environ 550 USD) après avoir été déclaré coupable de «diffusion de fausses publications et d’incitation à la révolte sur des réseaux sociaux» le 29 Janvier 2019. Le parquet avait invoqué les articles 173, 174, 175 et 178 alinéas 2 du code pénal code.

Le 8 janvier 2019, Logbonon avait publié sur Twitter que le procureur général ordonnerait bientôt l’arrestation d’un autre parlementaire, Jacques Ehoua, qui fait l’objet de poursuite pour des soupçons de détournement de fonds. Le procureur a démenti la déclaration de Logbonon et a ordonné son arrestation et par la suite sa détention le 15 Janvier 2019.

Malgré les protestations du Parlement selon lesquelles Lobognon avait droit à l’immunité parlementaire en vertu des articles 92 et 45 de la constitution et du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, il a été placé en détention jusqu’à sa condamnation éventuelle.

Les avocats de Lobognon estiment que c’est «un procès politique» et se sont engagés à faire appel de la condamnation. Ils lient également son procès à l’opposition déclarée de leur client aux ambitions éventuelles du troisième mandat du président Alassane Ouattara.

« C’est un procès politique tout simplement parce que M. est un proche de Soro Guillaume parce qu’Alain Lobognon s’est prononcé contre la tentative de vouloir faire un troisième mandat du président de la République ce que nous réfutons absolument parce que la constitution de la République de Côte d’Ivoire, cette constitution ne lui donne pas le droit de faire un troisième mandat », a déclaré Affousiata Bamba, l’un des avocats de la défense aux journalistes après le prononcé du jugement.

La poursuite de Lobognon s’inscrit dans une tendance récente à la lutte contre la liberté d’expression en ligne.

Le 28 Janvier 2019, Daleba Nahounou, secrétaire générale par intérim du groupe de pression politique, la Coalition des Indignés de la Côte d’Ivoire, a comparu devant un juge du parquet à Abidjan pour un article publié sur Facebook dans lequel l’activiste avait critiqué les autorités ivoiriennes pour abus de pouvoir.

Daleba Nahounou comparu devant un parquet de tribunal pour avoir critique les autorities ivoiriennes sur Facebook 

Bien que Nahounou n’ait pas été arrêté, sa liberté est loin d’être garantie tant que son procès n’est pas encore clôturé.

La répression s’est illustrée dans un autre incident lorsque la police a également arrêté et agressé un jeune homme qui avait filmé et posté une vidéo d’agents de police qui auraient extorqué de l’argent à des automobilistes dans la ville de Khorogo, dans le nord du pays. Soro Tangboho a été arrêté le 8 Novembre 2018 après avoir publié la vidéo.

Après avoir été détenu pendant deux jours au poste de police de Khorogo, où il aurait été battu, Tangboho a été transféré à la Direction de la surveillance territoriale et enfin au centre de détention et de correction d’Abidjan où il est toujours détenu sans jugement.

« Mon fils  n’a pas encore vu le juge depuis son incarcération ; il est présentement malade. Son corps s’enfle et il souffre de maux de cœur », s’est lamentée la mère de Tangboho aux journalistes.

La MFWA est profondément préoccupée par la répression de la liberté d’expression en ligne en Côte d’Ivoire. Pour un pays qui a décriminalisé la diffamation, on pourrait s’attendre à ce que les autorités ivoiriennes fassent preuve d’une plus grande tolérance à l’égard des expressions contenues dans le présent rapport qui sont indélicates plutôt que criminelles. Nous exhortons les autorités à respecter le droit des citoyens à la liberté d’expression en ligne et hors connexion, garantie par la constitution du pays.