La Fondation des Medias Pour l’Afrique de l’Ouest, MFWA se joint au reste du monde aujourd’hui le 30 Août, pour évoquer le souvenir des victimes de disparition forcée.
La MFWA évoque particulièrement le souvenir du journaliste gambien, Chief Ebrima Manneh. Un journaliste du journal à l’époque pro-gouvernemental Daily Observer, était arrêté à son bureau le 7 juillet, 2016 par des agents du service de renseignement, National Intelligence Agency NIA. Manneh été arrêté pour avoir prétendument transmis d’informations « préjudiciables » à un journaliste de la BBC pendant une réunion de l’Union Africaine à Addis Abeba et pour avoir essayé de republier une émission de la BBC très critiques envers le putsch qui a conduit le Président Yahyah Jammeh au pouvoir.
Au cours de l’année suivant son arrestation, Manneh était aperçu maintes fois dans de différentes prisons et centres de détentions, au fur et à mesure qu’on le transférait d’une prison à l’autre. Il était également aperçu sous escorte des paramilitaires dans un hôpital où il a été conduit afin d’être soigné pour la tension artérielle présumée. Jusqu’à présent, le gouvernement nie avoir arrêté et détenu Manneh, alors qu’on n’a pas vu le journaliste depuis longtemps.
Les Nations Unies ont affirmé que « la disparition forcée est régulièrement utilisée pour semer la terreur dans la société. De tels actes créent un sentiment d’insécurité non seulement chez les proches des personnes ainsi disparues, mais aussi les communautés et la société en générale ». En fait, suite à la disparition de Manneh, beaucoup de journalistes en Gambie craignent de plus en plus pour leurs vies.
En 2007, la MFWA a saisi la Cour de justice de la CEDEAO dans une action en civil pour réclamer la justice pour Manneh et sa famille. Le gouvernement gambien n’a pas seulement refusé de comparaitre devant la cour, mais il a aussi tenté d’enlever l’une des personnes qui ont témoigné contre l’Etat gambien. Le 10 mars, 2008, Yahyah Dampha, un journaliste gambien et l’un des témoins contre l’Etat dans l’affaire Manneh, et qui avait été obligé de s’exiler au Sénégal voisin par suite de persécution, a échappé de justesse à une tentative d’enlèvement par trois agents de la NIA. Dampha a raconté à la MFWA qu’il a eu à solliciter l’aide d’un de ses voisins après avoir reconnu Habib Drammeh, un agent bien connu de la NIA auprès de la Présidence. Suite à l’intervention du voisin, le suspect a pris la fuite. Dampha a également révélé à la MFWA qu’il avait antérieurement reçu des appels téléphoniques menaçants.
Quelques mois plus tard, le 5 juin 2008, la Cour de justice de la CEDEAO a reconnu coupable la Gambie, l’a ordonné de relâcher le journaliste, et de lui verser 100,000 dollars américains en dommages. Huit ans plus tard, on n’a toujours pas de ces nouvelles, alors que le gouvernement gambien refuse encore de payer les indemnités ordonnées par la Cour en violation de ses obligations en vertu du Traite révisé de la CEDEAO.
La MFWA réitère son appel aux autorités de la CEDEAO pour qu’elles obligent le Gambie à respecter le jugement de la Cour de justice conformément à ses obligations en tant que membre de la CEDEAO. Nous appelons egalement a la CEDEAO et tous les pays de l’Afrique de l’Ouest à traiter en priorité la question de la sureté des journalistes en enquêtant, en poursuivant et en remédiant aux incident de disparition forcée. Pour conclure, nous exhortons tous les Etats dans l’Afrique de l’Ouest à respecter, protéger et réaliser les droits a la liberté d’expression, y compris les droits de la presse, et à cesser toute persécution liée à l’exercice de ces droits.