Le Parlement guinéen a approuvé, le 6 Juillet 2019, une loi qui donne aux gendarmes du pays le pouvoir discrétionnaire de décider s’il est approprié de tirer à vue sans crainte de poursuites. Environ 133 parlementaires de tous bords se sont abstenus d’approuver ce qui a été qualifié par les critiques de “loi dangereuse”.
“Cette loi est dangereuse en ce sens que, même avant son adoption, nous avons enregistré des morts lors de manifestations. Je pense que nous avons versé assez de sang en Guinée “, a protesté Hamidou Barry, secrétaire général de l’Organisation Guinéenne des Droits de l’Homme (OGDH).
Pour l’opposition, la nouvelle loi vise à encourager la gendarmerie à être plus ferme dans sa répression contre les manifestations en cours contre la tentative du président Alpha Conde de modifier la Constitution guinéenne afin de briguer un troisième mandat.
À notre avis, l’adoption de la loi par le gouvernement d’Alpha Conde est imprudente pour un pays avec une histoire aussi sombre d’opérations d’ordre public par les forces de sécurité. Un exemple typique est le massacre du 28 septembre 2009 de plus de 150 manifestants et le viol de 100 femmes par les forces de sécurité lors d’une manifestation pacifique.
La MFWA considère donc la nouvelle loi comme une menace pour le peuple guinéen et porte gravement atteinte à la liberté de réunion, qui est une valeur démocratique fondamentale reconnue et garantie par l’article 10 de la Constitution du pays.
Nous appelons donc les autorités à reconsidérer la nouvelle loi sur les tirs à vue, car elle est susceptible d’encourager les gendarmes à faire preuve d’insouciance dans l’utilisation de la force meurtrière contre les civils, en particulier lors des manifestations et des élections.