Les autorités guinéennes ont placé un journaliste sous contrôle judiciaire après qu’un membre influent du parti au pouvoir l’ait accusé de diffamation.
Le 8 Janvier 2020, des agents en civil du service d’enquêtes criminelles de la police ont arrêté Alpha Oumar Diallo, administrateur du site d’information “Verite224”, et l’ont conduit à leur bureau de Conakry, après que leur tentative de l’attirer ait échoué.
L’un des agents s’est fait passer pour un banquier qui avait des informations sensibles à donner au journaliste et l’a invité dans son bureau. Diallo a cependant pris ses précautions en demandant à rencontrer le policier déguisé à la Bluezone de Kaloum, un espace public populaire à Conakry. Le policier est cependant arrivé au lieu de rendez-vous convenu avec ses collègues et a forcé le journaliste à monter dans leur véhicule.
Diallo a été conduit au poste de police où il a été interrogé sur la source des informations qu’il avait récemment publiées sur une affaire de sex-tape impliquant M’Bany Sangaré, le secrétaire général de la branche jeunesse du RPG Arc-en-ciel au pouvoir.
Le 10 Janvier 2020, le journaliste a été traduit devant un magistrat instructeur pour diffamation et placé sous contrôle judiciaire. Conformément à l’ordonnance de restriction, il est censé se présenter à la police tous les lundis et vendredis.
Diallo affirme que son arrestation et son procès constituent une tentative d’intimidation et a promis de rester déterminé.
“Je ne peux pas commenter la procédure en cours mais ce que je sais, c’est que si M’Bany Sangaré cherche à m’intimider, je lui dis qu’il est tombé sur la mauvaise personne. Je vais continuer à travailler de manière professionnelle”, a déclaré M. Diallo à Mediaguinee.org.
Le MFWA condamne l’arrestation de Diallo par la police à la manière de Rambo et la poursuite du harcèlement et de l’intimidation du journaliste par le contrôle judiciaire qui lui est imposé. Il est inacceptable de soumettre un journaliste à l’indignité de l’arrestation et de la détention alors que la police aurait pu le convoquer officiellement, surtout dans un pays qui a dépénalisé la diffamation et la calomnie.
Nous demandons instamment aux autorités de cesser les poursuites pénales à l’encontre du journaliste et de lever le contrôle judiciaire qui lui est imposé pour lui permettre d’exercer pleinement sa liberté de mouvement afin de s’acquitter efficacement de ses devoirs journalistiques.