Les autorités maliennes doivent libérer le militant Adama Diarra et abandonner toutes les charges retenues contre lui. Elles doivent également respecter les droits des citoyens à exprimer des opinions divergentes, conformément aux obligations du Mali en vertu de divers instruments internationaux relatifs à la liberté d’expression.
Le 14 septembre 2023, le tribunal du pôle national de lutte contre la cybercriminalité a condamné l’activiste malien Adama Diarra à deux ans de prison, dont un an ferme. Diarra, également connu sous le nom de « Ben le Cerveau », a été reconnu coupable d’« atteinte au crédit de l’État ». Ses avocats ont annoncé leur intention de faire appel de cette décision.
Les accusations portées contre Diarra découlent de ses critiques à l’égard du gouvernement de transition. Dans une publication sur WhatsApp, Facebook, X (anciennement connu en tant que Twitter), le militant a critiqué la gestion de la junte militaire en place et les arrestations en série d’opposants par les services de sécurité. Il avait également appelé la junte militaire à respecter la durée de la transition prévue et à rendre le pouvoir aux civils en mars 2024, conformément à l’engagement pris devant la CEDEAO. Suite à cette exhortation aux autorités de la transition, Diarra a été placé en garde à vue, le 4 septembre 2023.
Adama Diarra est la dernière qu’on aurait cru être une victime de la junte. En tant que dirigeant du groupe de pression politique, Yerewolo, il a organisé des manifestations à Bamako. Son objectif était de réclamer le départ des forces françaises de l’opération Barkhane ainsi que celui des troupes de la mission de l’ONU, la Minusma. De plus, il militait en faveur d’une coopération accrue avec la Russie pour relever les défis sécuritaires du Mali.
Cependant, sa demande que la junte soit tenue responsable de la qualité de sa gouvernance et s’engage à respecter l’échéance fixée pour le retour à un régime civil a changé la donne.
La condamnation d’Adama Diarra est le deuxième du genre en moins de deux mois, mettant en évidence le sort qui est réservé aux critiques de la junte. Le 2 août 2023, le tribunal de la commune IV de Bamako, la capitale malienne, a condamné l’activiste et influenceuse des médias sociaux, Rokia Doumbia, également connue sous le nom de « Madame vie chère », à un an de prison. Elle avait simplement exprimé son opinion sur la situation sécuritaire et le coût de la vie dans le pays lors d’une diffusion en direct sur TikTok.
La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) condamne fermement l’arrestation et la condamnation d’Adama Diarra. Nous exigeons sa libération immédiate et inconditionnelle, et appelons les autorités maliennes à garantir le respect des libertés fondamentales. Cette répression risque d’avoir un effet dissuasif sur la liberté d’expression et d’opinion au Mali, un pays signataire de plusieurs traités internationaux exigeant le respect de ces droits fondamentaux.