Les autorités sénégalaises ont arrêté un opposant et mis en garde un média international de premier plan pour avoir couvert l’incident.
Le 11 juillet 2023, des policiers ont arrêté et incarcéré Birame Souleye Diop pour actes de nature à compromettre la paix et offense au chef de l’État. Le député est inculpé pour avoir critiqué la décision du président de la République de ne pas briguer un troisième mandat en 2024, craint et spéculé par de nombreux observateurs. M. Diop avait mis en garde contre un possible revirement du Président Sall s’il arrivait malheur à un futur candidat du parti au pouvoir. Il se référait ainsi à la situation en Côte d’Ivoire, où le président Alassane Ouattara s’est présenté et a remporté un troisième mandat à la suite du décès de son Premier ministre, qui était à l’origine, le candidat du parti au pouvoir pour l’élection présidentielle de 2020.
L’accusation portée par le gouvernement contre le politicien d’avoir commis une offense contre le président Macky Sall et son arrestation ont suscité l’indignation dans le pays.
Moussa Sarr, l’avocat du député arrêté, a déploré le fait que son client ait été arrêté malgré le fait qu’il se soit excusé après avoir essuyé des critiques sur ses propos.
Le groupe parlementaire Yewwi Askan Wi a fermement condamné ce qu’il a qualifié d’atteinte au suffrage universel, aux droits de l’opposition et au statut du député. Ils ont déclaré que cette « détention anticonstitutionnelle, arbitraire et abusive viole outrageusement l’article 61 de la Constitution et le règlement intérieur de l’Assemblée nationale, qui assurent au député une immunité parlementaire ».
Dans un autre incident, le gouvernement du Sénégal a sévèrement réprimandé le média international France 24, l’accusant de traitement non éthique, partial, tendancieux et subversif de l’information dans sa couverture de l’actualité du pays, y compris l’arrestation et la détention de Birame Souleye Diop.
Dans une communication à France 24, le gouvernement a souligné que la détention de M. Diop faisait suite aux propos irrespectueux et diffamatoires qu’il aurait tenus à l’égard du chef de l’État, et a rejeté les allégations de l’organe de presse selon lesquelles les propos de M. Diop auraient été déformés.
Dans le même communiqué, le gouvernement a dénoncé ce qu’il considère comme une tentative de France 24 de saper la crédibilité de la police sénégalaise dans sa couverture des manifestations violentes qui ont éclaté en juin 2023. Le gouvernement a appelé la chaîne de médias à faire des reportages exacts à l’avenir et à s’abstenir de ternir la réputation du Sénégal.
La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) est profondément préoccupée par l’arrestation arbitraire de l’opposant Birame Souleye Diop, d’autant plus qu’il a présenté des excuses pour ses commentaires controversés. Nous appelons les autorités à libérer le député immédiatement pour lui permettre de représenter efficacement sa circonscription au Parlement. Nous exprimons notre profonde inquiétude quant à la détérioration continue de l’espace civique au Sénégal et nous exhortons tous les acteurs à faire preuve de plus de tolérance et de conciliation.