La Fondation des Média pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) est consternée par la détention illégale pendant deux heures de Lanre Arogundade, directeur exécutif de l’International Press Centre, son organisation partenaire au Nigéria, par le State Security Service (SSS), services de sécurité de l’État. La MFWA demande instamment aux services de sécurité de l’État de mettre fin au harcèlement arbitraire des militants des droits des médias.
Le 10 février 2022, le SSS (anciennement Département des services de l’État – DSS) a détenu et interrogé M. Arogundade à l’aéroport international Murtala Muhammed de Lagos, à son arrivée d’un déplacement professionnel en Gambie.
« Me voici au bureau du DSS à l’aéroport international de Lagos où je suis retenu ou détenu contre mon gré. Je viens de rentrer de Banjul où je suis allé former des journalistes gambiens au journalisme sensible aux conflits. Depuis l’avènement du régime militaire, je suis molesté par le DSS et l’immigration à l’aéroport. Ces absurdités doivent cesser ! » A publié M. Arogundade sur sa page Facebook.
M. Arogundade faisait la queue pour les formalités après son arrivée lorsqu’un agent du SSS a pris son passeport, l’a regardé et lui a demandé de sortir de la file et de le suivre. Le défenseur de la liberté de la presse a été maintenu en attente pendant deux heures sans aucune raison et a été interrogé par intermittence par différents fonctionnaires sur ses voyages.
Lorsque les formalités ont tourné au harcèlement, le militant des droits de la presse dit avoir téléphoné à son avocat et à quelques collègues pour les informer de son calvaire.
Il a fallu les appels d’un certain nombre d’acteurs des médias, dont le président de la Guilde nigériane des rédacteurs, pour que le SSS libère l’activiste en s’excusant d’avoir commis une erreur d’identité.
Toutefois, M. Arogundade conteste l’excuse de l’erreur sur l’identité, insistant sur le fait que les SSS l’ont toujours harcelé à l’aéroport depuis l’époque du régime militaire.
« Une fois, à l’embarquement, ils m’ont interrogé pendant un certain temps avant de me rendre mon passeport, alors que l’embarquement de l’avion était presque terminé », a-t-il déclaré à PREMIUM TIMES.
« A chaque fois que je voyage, quand j’arrive à l’aéroport et que je présente mon passeport pour le traditionnel protocole d’immigration, une fois que l’agent du DSS (autre surnom du SSS) qui le récupère normalement, ils me demandent de patienter, ils amènent le passeport à un autre agent, et parfois à un troisième, et discutent entre eux », a raconté M. Arogundade au journal PREMIUM TIMES.
La détention et le harcèlement du journaliste et défenseur des droits des médias ont été condamnés par un certain nombre d’organisations et de personnes.
L’une d’entre elles est le Democratic Socialist Movement (DSM), qui a publié une déclaration disant : « Nous considérons que sa dure épreuve aux mains du DSS fait partie intégrante de la montée des cas d’attaques flagrantes contre les droits démocratiques et de ciblage des militants, des socialistes et des journalistes. Ces cas sont devenus monnaie courante sous le régime civil dictatorial du président Muhammadu Buhari ».
Il ajoute que « l’excuse donnée par le DSS selon laquelle son calvaire serait dû à une erreur d’identité est difficile à croire. Cependant, si c’est vrai, la chose la plus appropriée est que le DSS présente des excuses publiques sans réserve au camarade Lanre Arogundade et veille à ce que cela ne se reproduise plus ».
Alors que M. Arogundade était toujours détenu, le plus grand avocat des droits de l’homme du Nigéria, Femi Falana, également membre du conseil d’administration de la MFWA, a publié une déclaration disant que « le harcèlement ne peut être justifié ».
La MFWA se joint à la communauté des médias et des droits de l’homme au Nigeria pour condamner la détention arbitraire et le harcèlement de Lanre Orogundade. Nous demandons instamment à la direction du SSS de donner des instructions claires à ses agents dans les aéroports du Nigeria pour qu’ils cessent le harcèlement systématique dont est souvent victime le défenseur des droits des médias. En tant qu’agence de sécurité, le SSS doit contribuer à protéger les citoyens plutôt que d’être une source de détresse et d’insécurité pour eux.