La Fondation des médias pour l’Afrique de l’ouest (MFWA) est très préoccupée par la condamnation le 17 juin, 2021 du journaliste Madiambal Diagne a trois mois de prison pour diffamation.
Le patron du journal Le Quotidien a été condamné par le tribunal de Dakar à l’issue d’un procès qui l’opposait au magistrat Souleymane Teliko, par ailleurs Président de l’Union des magistrats du Sénégal (UMS). Le patron de presse écope d’une condamnation de six mois de prison dont trois mois ferme et d’une amende de 500 mille Fcfa et 5 millions (9000 dollars) à titre de dommages et intérêts à payer au juge Téliko.
L’affaire remonte au 29 mars 2020 lors d’une émission à la radio RFM animée par le journaliste Babacar Fall. Dans son intervention, Madiambal Diagne avait accusé le juge Téliko d’avoir indûment perçu des frais de mission dans le cadre de l’affaire dite Hissène Habré.
Pour laver son honneur, le Président de l’Union des magistrats du Sénégal avait trainé en justice le journaliste. Le tribunal a donné gain de cause au juge Souleymane Teliko.
De son côté, le journaliste Madiambal Diagne estime que « cette décision est injuste » et qu’il compte faire appel puisque dit-il : « c’est une décision prise en fonction de considérations extrajudiciaires ». Il a affirmé devant la presse avoir « apporté toutes les preuves de mes affirmations devant le tribunal ».
L’Union de la presse francophone (UPF) dont Diagne est le Président, a, dans un communiqué, apporte son soutien à leur collègue. « L’UPF internationale soutient son président international qui n’a fait qu’exercer librement son métier de journaliste », fait savoir l’organisation de journalistes.
l’UFP a insisté que le prévenu a apporté la preuve de ses affirmations lors de son procès. Malgré cela, s’insurge-elle, « cette lourde condamnation qui ressemble bien à une décision corporatiste, le frappe en première instance. »
La MFWA est inquiète par la condamnation de Diagne et salue la décision du journaliste d’interjeter appel. La tendance à travers le monde libre évolue vers la dépénalisation des délits de presse, particulièrement la diffamation envers les agents publics. Sans vouloir nous prononcer sur le fond de l’affaire, nous l’estimons rétrograde qu’un journaliste fasse l’objet de poursuite pénale et des peines privatives de liberté pour diffamation dans l’exercice de ses devoirs, et ce, dans un pays démocratique.
Nous appelons donc les autorités sénégalaises à agir pour assurer la remise en liberté de Madjambal Diagne et à lancer le processus de modification du cadre juridique des médias en vue de dépénaliser les délits de presse.