Le ministre guinéen de la Justice, Check Sacko, a admis que le verdict rendu dans l’affaire du journaliste Elhadj Mohamed Koula Diallo, tué il y a trois ans, n’était pas satisfaisant. Le ministre a par conséquent assuré à la fraternité des médias que le procès de l’affaire reprendra.
« Il y a eu un jugement de première instance, un jugement qui n’a satisfait personne, et c’est inadmissible en matière criminelle. Il y a eu appel, donc l’affaire va être jugée et rejugée par la chambre criminelle », a déclaré le ministre lors d’une table ronde tenue à Conakry dans le cadre des activités organisées à l’occasion de la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse de cette année.
Elhadj Mohamed Diallo, qui travaillait pour le site d’information Guinee 7, avait été abattu le 5 Février 2016 alors qu’il couvrait des affrontements entre des factions rivales du parti d’opposition, l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), dans la capitale Conakry.
Le 9 Janvier 2018, près de deux ans après les faits, un tribunal de première instance de Conakry, présidé par le juge Mangadouba Sow a acquitté deux des cinq suspects ; Amadou Sow et Algassimou Keita qui ont comparu devant le tribunal. Le juge a condamné les trois autres à diverses peines de prison par contumace. Alphadio et Mamadou Saidou Barry; deux des absents ont été condamnés chacun à deux ans d’emprisonnement et à une amende de deux millions de francs guinéens (environ 222 USD) pour «agression et coups».
Le troisième absent, Souleymane Bah, ancien directeur de la communication de l’UFDG, a toutefois été condamné à la réclusion à perpétuité «pour meurtre» et un mandat d’arrêt été émis à son encontre.
Le verdict a été accueilli avec beaucoup d’inquiétude par les médias et le public. La MFWA avait dit que: “le verdict soulève de nombreuses inquiétudes et nous espérons que le système de justice sera suffisamment solide pour résoudre de manière satisfaisante toutes les questions en suspens et émergentes concernant le procès.”
Nous sommes donc ravis que le ministre de la Justice intervienne personnellement pour que justice soit rendue.
« J’ai donné des instructions au procureur général pour que l’affaire soit audiencée assez rapidement. On espère que pendant cette deuxième audience qui va passer devant la Cour d’appel qu’on pourra connaitre le ou les auteurs de l’assassinat de ce journaliste » a déclaré le ministre.
Réagissant aux commentaires du ministre, Moussa Iboun Conte, président de l’AGEPI, confrérie des éditeurs indépendants et partenaire de la MFWA en Guinée, a déclaré: « l’intervention du ministre Sacko satisfait aux demandes de la famille du journaliste décédé, des associations de médias et de Souleymane Bah, directrice de la Communication du parti politique UFDG, condamné à la réclusion à perpétuité ».
La MFWA est ravie de savoir que les propos du ministre répondent directement à nos préoccupations concernant le verdict du tribunal de première instance. Nous le félicitons donc pour l’engagement qu’il a pris pour que justice soit assurée au journaliste assassiné.
Nous exhortons également toutes les parties prenantes, en particulier la fraternité des médias en Guinée, à faire le suivi de la promesse faite par le ministre à veiller à ce que l’audience d’appel se passe dans des conditions satisfaisant les normes judiciaires les plus strictes.