La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) se félicite de la libération du blogueur mauritanien Hamda Ould Oubeidallah après 6 mois de prison et condamne fermement l’arrestation du blogueur Mohamed Yacoub.
Déclaré coupable pour « injure, diffamation et incitation via les réseaux sociaux », le blogueur Hamda Ould Oubeidallah a été transféré le 26 octobre 2021 à la prison centrale de Nouadhibou pour avoir publié en direct sur sa page Facebook une série de vidéos dans lesquelles il critiquait les politiques du gouvernement. Le blogueur recouvre enfin la liberté en avril 2022 après 6 mois d’emprisonnement.
Le soulagement suscité par l’arrestation d’Ould Oubeidallah a toutefois été nuancé un mois plus tard par l’arrestation d’un autre blogueur critique et lanceur d’alerte, Mohamed Ould Yacoub. La police a arrêté le militant des réseaux sociaux en mai 2022 à la suite d’une plainte déposée par la Banque mauritanienne d’investissement (BMI).
Dans une publication sur Facebook, le blogueur avait dénoncé et attiré l’attention sur la mésaventure d’un de ses amis qui affirmait avoir trouvé des faux billets de 1000 ouguiyas parmi 400 000 anciens ouguiyas qu’il avait retirés de la banque. Ould Yacoub explique dans la publication que lorsque son ami s’est rendu à la banque pour signaler les faux billets et demander leur remplacement, ils ont rejeté sa demande sans donner de justification.
Ould Yacoub soutient que son action « n’est pas une accusation du faux bancaire, mais plutôt juste la preuve d’un cas ».
La MFWA condamne fermement l’arrestation du blogueur Mohamed Ould Yacoub en tant que suspect. La publication du blogueur a tout simplement permis de soulever une question. Par conséquent, il devrait être considéré comme un lanceur d’alerte et un témoin dans les enquêtes, plutôt que comme un suspect. Nous exhortons les autorités à abandonner toutes les charges retenues contre le blogueur et à le libérer alors qu’elles enquêtent sur les allégations.
La Mauritanie s’est forgée une réputation douteuse en matière d’arrestation et de détention de militants et de journalistes pour des publications sur les réseaux sociaux. Le 8 mai 2021, le commissariat d’Arafat 1 (banlieue sud de Nouakchott, la capitale) a convoqué le militant Mohamed Abdellahi Ould Bounena pour avoir publié sur sa page Facebook une histoire de meurtre présumé qu’il a ensuite rétractée.
Quelques semaines auparavant (24 avril 2021), son collègue Abdellahi Mohamed Ould Atigh avait été arrêté et détenu pendant 48 heures au commissariat de Boutilimitt, suite à une plainte du ministre des Affaires sociales, de l’Enfance et de la Famille. Le journaliste a été arrêté pour diffamation et diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux après avoir mis en doute la transparence du décaissement des fonds destinés à soutenir les personnes vulnérables économiquement affectées par la COVID-19.
Bien qu’il soit important de lutter contre la désinformation sur les réseaux sociaux, il convient de le faire de manière à ne pas intimider ni censurer les utilisateurs des réseaux sociaux. Nous exhortons donc les autorités mauritaniennes à faire respecter la liberté d’expression et à mettre fin à la répression des voix critiques.