Le 26 avril 2025, l’activiste Abdoulaye Bâ a été arrêté à la suite de la diffusion d’une vidéo sur les réseaux sociaux. Dans cette vidéo, il appelait le ministre de l’Intérieur à mettre fin aux arrestations et à l’expulsion du pays des immigrés en situation irrégulière, parmi lesquels figuraient également des ressortissants mauritaniens.
Bâ est responsable de la section immigration de l’organisation non gouvernementale Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste (IRA).
Le 5 juin, il a comparu devant le juge d’instruction du tribunal de Nouakchott, avant d’être formellement inculpé pour incitation à la haine et diffusion de propos haineux.
Le 12 juin, la Chambre criminelle du tribunal de Nouakchott Ouest l’a reconnu coupable d’incitation à la haine et l’a condamné à un an de prison, dont six mois avec sursis. Il a également écopé d’une amende de 20 000 MRU (environ 500 USD).
Bâ a été poursuivi en vertu de la loi n°2021-021 sur la protection des symboles nationaux, un texte largement critiqué, accusé d’être utilisé par les autorités mauritaniennes pour museler les voix dissidentes.
Cette même loi avait déjà servi à arrêter et détenir des étudiants de l’Université de Nouakchott, accusés d’avoir critiqué le président mauritanien sur les réseaux sociaux après avoir été exclus d’un banquet présidentiel de rupture du jeûne (iftar).
Elle avait également été utilisée pour condamner l’activiste politique Sidi Mohamed Ould Bedki, qui avait adressé une lettre au président de la République. Cette loi avait été adoptée par le Parlement mauritanien en 2021, malgré le boycott de l’opposition.
La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) dénonce la condamnation d’Abdoulaye Bâ et appelle les autorités mauritaniennes à respecter les droits civiques de leurs citoyens.