La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) condamne fermement le harcèlement judicaire prolongé du journaliste Hamed Kassambara et demande la levée de toutes les restrictions judiciaires à son encontre.
Hamed Kassambara, directeur des programmes de la radio Foundara FM, à Ferkessédougou (ou Ferké), une ville située à environ 600 Km au nord de la capitale Abidjan, est toujours sous contrôle judiciaire depuis octobre 2022.
Kassambara est également président du Réseau des Communicateurs, des Médias et Correspondant de Presse du Tchologo (région située au nord de la Côte d’Ivoire), correspondant régional de presse et membre du conseil exécutif de l’Union nationale des Radios de Proximités de Côte d’Ivoire (URPCI).
Après avoir été gardé à vue à la Brigade de recherches de la gendarmerie nationale au plateau à Abidjan pendant 04 jours, et déféré à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA), il a été maintenu en détention pendant 20 jours, pour diffamation présumée à l’encontre du Président avant d’être relaxé. Cependant, il est tenu de se présenter devant les autorités judiciaires d’Abidjan-plateau chaque deux semaines et n’a plus le droit de quitter le territoire national.
Revenant sur son expérience, Kassambara a confié à la MFWA lors d’une conversation téléphonique qu’il a reçu un appel téléphonique le 07 octobre 2022 du commandant de la section recherches de la gendarmerie nationale, le commandant Ouattara Benjamin le convoquant à la brigade de recherches de la gendarmerie du Plateau, à Abidjan pour une information judiciaire.
La convocation ayant eu lieu en fin de journée du vendredi 7 octobre 2022, le journaliste a demandé et obtenu l’autorisation de se présenter le lundi 10 octobre 2022. À son arrivée dans la capitale économique de la Côte d’Ivoire, M. Kassambara dit avoir saisi les responsables de la corporation dont monsieur Jean Claude Coulibaly, président de l’Union Nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (UNJCI), pour l’informer de la situation. Suivant les conseils du président Jean Claude Coulibaly, Kassambara a appelé le commandant et a demandé une convocation écrite, qui lui a été transmise sur son téléphone via WhatsApp.
Lorsqu’il s’est présenté à la brigade de recherches en compagnie de son avocat, Me Drissa Traoré, il lui a été reproché d’être derrière un faux profil via le réseau social Facebook et qui proférait des injures à l’endroit du Président de la République. Une accusation que nie formellement le journaliste Hamed Kassambara, dont les deux téléphones ont été confisqués avec tous les codes d’accès pour analyse et enquête. Après 02 heures d’audition, il a été placé en détention pendant quatre jours pour nécessité d’enquête, selon l’officier en charge de son audition.
Le 14 octobre 2022, après quatre jours passés en détention dans les conditions extrêmes pénibles, il a été déféré au parquet devant le juge d’instruction du troisième cabinet du tribunal d’Abidjan-Plateau. Malgré le manque de preuve et l’analyse de ses téléphones qui n’a rien donnée, car aucun lien n’a été établi entre lui et le faux compte Facebook, Kassambara a été mis sous mandat de dépôt sur instruction du procureur de la république M. Adou Richard.
Le journaliste a par conséquent été déféré et placé en détention à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA), une grande prison située dans la capitale économique de la Côte d’Ivoire. Après 20 jours de détention à la MACA, Hamed Kassambara a été libéré le 02 novembre 2022, mais placé sous contrôle judiciaire. Dans le cadre de l’exécution du contrôle judiciaire, Hamed Kassambara est interdit de quitter le territoire ivoirien et est tenu de se rendre toutes les deux semaines à Abidjan auprès des autorités judiciaires pour signer un registre de présence.
La MFWA est profondément préoccupée par l’arrestation et la longue détention de Kassambara pour un délit dont sa culpabilité n’a pas été établie. Il est excessif de détenir un journaliste pendant 24 jours et de lui imposer le fardeau d’un voyage aller-retour de 1 200 kilomètres pour se présenter toutes les deux semaines au parquet.
Il est important de noter la loi portant le régime juridique de la presse en Côte d’Ivoire (la loi n°2017-867 modifiée par la loi n°2022-978) aboli toutes les sanctions pénales, y compris les peines privatives de liberté pour les délits de presse. Dans un tel pays, un journaliste soupçonné d’avoir utilisé son compte Facebook pour insulter le président ne devrait pas être harcelé de cette manière.
Au vu de ce qui précède, la MFWA appelle les autorités à mettre fin au harcèlement dont fait l’objet le journaliste Hamed Kassambara, en particulier au contrôle judiciaire qui lui est imposé.