La Haute Autorité de la Presse et l’Audiovisuel (HAPA) a suspendu pour 60 jours deux sites d’information en raison de leurs publications critiques.
Le 9 mars 2024, la HAPA a suspendu deux sites d’informations locaux, Anbaa info et Taqadoum, pour « atteinte à l’Algérie » pour une durée de 60 jours. Dans un communiqué diffusé sur sa page Facebook, le régulateur des médias mauritaniens accuse les deux médias d’avoir publié « de fausses informations » sur le voisin algérien.
Anbaa info a été suspendu à la suite de la publication plusieurs articles considérés par autorités comme contenant des insultes intentionnelles, des préjugés ouverts et des incitations à l’encontre du gouvernement algérien.
Selon Le Jeune Indépendant, un site d’information algérien, il s’agit principalement de deux ou trois articles provocateurs. Le premier concerne la mort accidentelle de deux éléments de la Garde présidentielle mauritanienne, lors d’une récente visite du chef de l’Etat en Algérie, alors que l’autre est une critique ironique sur les autorités algériennes. Un autre article évoquait de supposés préparatifs par l’Algérie d’une guerre contre le Maroc.
Selon la même source, le site aurait déjà reçu des dizaines de demandes de renseignements et de convocations par le passé pour de nombreux supposés dérapages.
Quant à Taqadoum, il a été suspendu après avoir allégué le 8 mars 2024 que « le président mauritanien se plaint des nombreux appels téléphoniques de Tebboune [président de l’Algérie] ».
Selon la HAPA « les articles susmentionnés contenaient des manquements flagrants au professionnalisme, des fake news, des informations trompeuses pour le lecteur, des abus intentionnels ainsi que des préjugés et des incitations ouvertes ».
Bien que les organes de presse suspendus aient pu commettre des erreurs dans les publications citées par la HAPA, nous pensons qu’une suspension de 60 jours est une sanction extrême. Les autorités mauritaniennes ont la possibilité de publier un démenti et de clarifier toute information erronée, ce que les organes de presse auraient été obligés de publier. La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) estime que cette démarche est la plus appropriée pour préserver la liberté de la presse et protéger d’autres intérêts. La MFWA réaffirme l’importance cruciale de la liberté de la presse dans toute société démocratique. La diversité des opinions et la transparence médiatique sont des éléments essentiels du débat public et de la gouvernance démocratique. Toute tentative de restreindre cette liberté compromet les principes fondamentaux de la démocratie et nuit à la vitalité de la société civile.
Nous appelons donc à une levée de la suspension en faveur d’un dialogue pour trouver un règlement à l’amiable. Il est crucial que les autorités mauritaniennes garantissent un environnement médiatique libre et ouvert, où les journalistes peuvent exercer leur métier sans crainte de représailles ni de censure. Parallèlement, nous réitérons la nécessité pour les médias de faire preuve du plus grand professionnalisme dans leur travail.