La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) condamne fermement la suspension de l’organisation faîtière des médias, la Maison de la Presse, et appelle les autorités nigériennes à revenir sur leur décision.
La Maison de la Presse au Niger a été suspendue et il lui est interdit d’exercer toute activité dans le pays jusqu’à nouvel ordre, comme annoncé par le Ministère de l’Intérieur, Général de Brigade Mohamed Toumba dans un communiqué daté du 29 janvier 2024. Le communiqué n’a pas fourni d’explication sur les raisons de la suspension, mais a plutôt annoncé la mise en place d’un comité ad hoc, composé de personnes nommées par le gouvernement, pour gérer l’organisation faîtière.
Cette suspension intervient un mois après que le ministère de l’intérieur a interdit à l’organisation de tenir son assemblée générale pour élire un nouveau conseil d’administration. Le ministère a cité des pétitions qu’il avait reçues de certaines associations membres de la Maison de la Presse, dans lesquelles les signataires se plaignaient d’une prétendue conduite inappropriée de la part du conseil d’administration.
Le président de la Maison de la Presse, Ibrahim Harouna, a déclaré à la MFWA que cette suspension était regrettable, en particulier lorsque la Maison de la Presse a participé et continue de participer à la résolution des défis auxquels les médias sont confrontés. Il a déclaré avoir été personnellement accusé d’avoir lancé de fausses alertes sur la répression de la liberté de la presse dans le pays.
En novembre 2023, lors de la célébration de la Journée nationale de la liberté de la presse, organisée par la Maison de la presse, le ministre de la Communication, de la Poste et de l’Economie numérique, Sidi Mohamed Raliou, a rejeté toutes les accusations concernant les violations de la liberté de la presse au Niger. Qualifiant ces rapports d’antipatriotiques, M. Raliou a réprimandé Ibrahim Harouna. Le ministre a cité les propos tenus par M. Harouna lors d’une conférence au Ghana, ce qui prouve de manière inquiétante que le gouvernement surveille ses déplacements et activités.
La MFWA considère l’action du gouvernement nigérien comme un précédent dangereux et insoutenable. Il appartient aux membres et aux organisations membres de la Maison de la Presse de décider qui doit diriger l’institution et comment cette dernière doit être dirigée. Le fait que le gouvernement mette en place un conseil d’administration intérimaire pour la Maison de la Presse, qui n’est pas une agence de l’État, après plusieurs critiques à l’encontre de la direction, est un cas évident de vendetta et une tentative de choisir des leaders « obéissants » pour l’organisation. Cette action confirme les accusations selon lesquelles la liberté de la presse est réprimée, des accusations que le gouvernement nie avec véhémence.
Nous demandons la levée de la suspension du conseil d’administration ainsi que l’interdiction de l’assemblée générale pour permettre au conseil d’administration sortant d’organiser des élections.