Le 12 Mai 2020, la police de Monrovia a interrompu une émission diffusée en direct sur Facebook et a saisi du matériel appartenant au rédacteur en chef du quotidien local et du site d’information en ligne FrontPage Africa (FPA).
A travers cette intervention, les forces de sécurité nationale ont exécuté un mandat de perquisition à domicile et de saisie puis ont procédé à l’arrestation de Lennart Dodoo, rédacteur en chef de FPA. Lors de cette intervention, la police a interrompu la diffusion en direct sur Facebook d’une émission de Dodoo et lui ont ordonné de supprimer la vidéo de 42 minutes de son émission qui était déjà sur la page Facebook de FPA. Le journaliste a refusé de se conformer à l’ordonnance. Par conséquent, la police a saisi le téléphone qu’il utilisait pour la diffusion.
Les policiers ont également saisi un deuxième téléphone que le journaliste a tenté d’utiliser pour appeler le directeur général du journal FPA.
« Ils ont saisi mes deux téléphones et quand je leur ai demandé pourquoi, l’un des officiers a dit qu’ils avaient reçu des instructions de leurs supérieurs. Je ne sais pas de quels supérieurs il s’agit », a plus tard déclaré Dodoo aux journalistes locaux.
Suite aux condamnations menées par des médias locaux concernant cette opération de la police et grâce à l’intervention de plusieurs organisations de défense de la liberté de presse, la police a rendu les deux téléphones quelques heures plus tard.
Plus tard dans la même journée, la police a convoqué et interrogé Menikpakeh Dumoe, une critique du gouvernement, par rapport à son post sur Facebook qui, selon les autorités représente une incitation des Libériens à la rébellion armée.
Après l’interrogatoire, une vingtaine d’officiers armés de la Police Nationale du Libéria et de l’Agence Nationale de Sécurité ont escorté Dumoe à sa résidence pour exécuter un mandat de perquisition et de saisie octroyé par un tribunal de Monrovia.
Une fois les recherches terminées, les forces de l’ordre ont ramené Dumoe au siège de la Police Nationale Libérienne à Monrovia.
« Nous n’avons pas besoin de sacs de riz gratuits, nous les pauvres de Monrovia avons besoin d’AK-47 pour que nos dirigeants nous prennent au sérieux », avait posté Dumoe, qui est un membre du groupe de pression politique, Council of Patriots.
Le porte-parole de la police, Moses Carter, a accusé l’activiste d’inciter les citoyens à prendre les armes contre le gouvernement, une accusation qu’il a rejetée. Dumoe a insisté sur le fait que sa déclaration était un appel lancé à la population afin qu’elle cesse d’être corrompu avec de la nourriture par ces mêmes personnes qui les ont appauvris et les ont pris pour acquis. Il a ajouté qu’il n’encouragerait jamais quiconque à prendre les armes contre le gouvernement.
En ce temps, le Directeur Exécutif du partenaire national de la MFWA au Libéria, le Center for Media Studies and Peacebuilding (CEMESP), Malcolm Joseph, a exhorté les autorités à veiller à ce que les droits de Dumoe ne soient pas bafoués. Joseph a également condamné la perturbation de la diffusion en direct de l’émission de Lennart Dodo et la saisie de son téléphone.
La MFWA se joint au CEMESP pour condamner l’action des forces de l’ordre et demande à la Police Nationale du Libéria d’ouvrir immédiatement une enquête et de discipliner les agents impliqués dans la perpétration de ces violations.