La Fondation des Médias d’Afrique de l’Ouest (MFWA) se félicite de la libération du blogueur mauritanien Mohamed Cheikh Ould Mkheitir, après cinq ans de détention pour blasphème.
Mkheitir a été libéré le 29 Juillet 2019 avant l’investiture le 1er Août 2019 du Président élu, Mohamed Ould Cheikh Ghazouani.
“Il a été libéré hier [lundi 29 juillet] de l’endroit où il était assigné à résidence “, a déclaré l’AFP en citant l’avocat de Mkheitir, Fatimata Mbaye. L’avocat a ajouté que, bien que son client ne soit plus en prison, il n’avait pas obtenu la pleine liberté de mouvement, ayant été transféré de Nouakchott à un autre endroit qu’elle ne voulait pas révéler pour des raisons de sécurité.
Les médias locaux spéculent que le blogueur a été transporté par avion à l’extérieur du pays pour le protéger d’éventuelles attaques par des radicaux qui ont demandé son exécution.
M’kheitir a été contraint d’exprimer sa repentance sur Facebook et à la télévision comme condition de sa libération à la suite d’une rencontre entre des groupes de défense des droits, des chefs religieux et le Président sortant Mohamed Ould Abdel Aziz.
“Comme je l’ai annoncé au début de l’année 2014, et comme je l’ai répété à toutes les occasions devant les tribunaux, je réitère par la présente ma repentance devant Allah, le Seigneur de l’Univers “, a déclaré le blogueur en arabe début Juillet, avant sa libération.
Mohamed Ould Mkheitir a été condamné à mort pour blasphème en Janvier 2014 après avoir publié un commentaire sur Facebook critiquant l’utilisation de la religion pour perpétuer l’esclavage. Les autorités du pays conservateur ont estimé que la critique était une insulte à l’islam et au prophète Mahomet.
Le 9 Novembre 2017, alors qu’il avait déjà passé près de trois ans en prison, une cour d’appel, considérant les remords du blogueur, a commué sa peine en deux ans de prison et ordonné sa libération. Toutefois, les autorités ont continué de le maintenir en détention.
Suite à une vague de protestations de fanatiques religieux contre la décision de la Cour d’appel de libérer Mkheitir, le gouvernement a modifié, le 17 Novembre 2017, l’article 306 du Code criminel en vertu duquel le blogueur avait gagné son procès en appel en plaidant la repentance. La loi révisée exclu la repentance comme circonstance atténuante dans les cas de blasphème.
“L’affaire Mkheitir a été au cours de ces dernières années un embarras majeur à l’image de la Mauritanie dans les milieux de la liberté d’expression et des droits humains en général. Sa libération est donc positive pour le pays et nous espérons que le nouveau gouvernement s’appuiera sur cet élan pour mettre fin aux tristement célèbres lois mauritaniennes sur le blasphème et instaurer une culture de tolérance sur les opinions divergentes “, a déclaré Vivian Affoah, responsable de programme pour la liberté d’expression à la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest.
Le MFWA se joint aux groupes de défense de la liberté d’expression en Mauritanie pour saluer la libération de Mkheitir qui n’aurait pas dû être emprisonné pour avoir exprimé son opinion. Nous exhortons les autorités à indemniser le blogueur pour sa détention illégale depuis le sursis de la Cour d’appel du 9 novembre 2017.