La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) est ravie de l’engagement pris par l’ancien président du Ghana, John Mahama, de poursuivre l’affaire d’Ahmed Hussein Suale Divela s’il est élu président en 2024.
Le 16 janvier 2019, Suale, membre important de l’équipe Tiger Eye PI du journaliste d’investigation Anas Aremeyaw Anas, a été abattu en pleine circulation à Madina, une banlieue d’Accra, par des assaillants inconnus. Le journaliste était impliqué dans une enquête qui a révélé des cas de corruption massive au Ghana et dans le football africain en 2018. Par conséquent, beaucoup pensent que son assassinat est lié à son travail.
Par ailleurs, quelques mois avant le drame, un député, Kennedy Agyapong, avait diffusé la photo du journaliste à la télévision et appelé ses partisans à s’en prendre à lui. Comble de l’ironie, le député est en lice pour devenir le candidat à la présidence du New Patriotic Party, le parti au pouvoir.
Au cours des quatre années qui ont suivi le meurtre, l’État n’a pas réussi à mettre la main sur les auteurs du crime et à les traduire en justice. Au contraire, le gouvernement est passé d’une promesse de rendre justice à Ahmed Suale à des insinuations selon lesquelles l’assassinat de Suale n’était peut-être pas lié à son travail de journaliste.
La MFWA ainsi que d’autres parties prenantes à la liberté de la presse au Ghana et à l’étranger ont fait pression sur le gouvernement pour qu’il retrouve les auteurs du meurtre et les traduise en justice.
Malgré les efforts de sensibilisation, l’enquête sur cet incident n’a guère progressé et les espoirs de retrouver un jour les coupables s’amenuisent rapidement.
Toutefois, les espoirs qui s’amenuisent ont été relancés par la promesse du candidat à la présidence du National Democratic Congress (NDC), parti d’opposition. Ce dernier s’est engagé à défendre la liberté de la presse et à mener l’affaire Ahmed Suale à terme, s’il est réélu.
Le 15 mai 2023, soit deux jours après que les délégués de son parti eurent approuvé à une écrasante majorité sa candidature à un second mandat en tant que président du Ghana, l’ancien président Mahama a déclaré : « Pour consolider notre démocratie, le quatrième pouvoir, les médias, doit également bénéficier d’un environnement propice et favorable, sans menaces, harcèlements et assassinats, pour fonctionner comme il se doit. »
« Dans cette optique, nous allons accélérer l’enquête sur l’assassinat d’Ahmed Suale et les auteurs seront incontestablement traduits en justice », a assuré M. Mahama lors de son discours de remerciement à l’auditorium de la University of Development Studies à Tamale, capitale de la région du Nord du Ghana.
« Pour nous, à la MFWA, une telle déclaration publique d’engagement à promouvoir la liberté de la presse et à garantir la justice pour Suale, est une nouvelle encourageante. Nous sommes ravis de voir cette question épineuse mise au premier plan de la campagne électorale pour 2024. Nous espérons que d’autres candidats prendront des engagements similaires, et nous sommes impatients de leur demander des comptes lorsqu’ils seront élus », a déclaré Muheeb Saeed, chargé de programme pour la liberté d’expression à la MFWA.