Le chroniqueur et animateur de radio, Mohamed Youssouf Bathily, populairement appelé « Ras Bath », est cité à comparaitre le 13 juin 2023 le Tribunal de grande instance de la Commune IV de Bamako. Le journaliste, qui a été arrêté le 13 mars 2023, est appelé à répondre aux chefs d’accusations de « simulation d’infraction et de trouble à l’ordre publique ».
Ras Bath a été interpellé à son domicile et longuement interrogé par officiers de police. Le journaliste a été ensuite présenté au Tribunal de grande instance de Bamako qui l’a placé sous mandat de dépôt. Le motif de l’interpellation et de la détention du journaliste serait lié à des propos qu’il aurait tenu au cours d’une conférence nationale de l’Alliance patriotique pour la solidarité au Mali-Convergence des forces patriotiques (ASMA-CFP), le parti de l’ex-premier ministre du Mali, Soumeylou Boubèye Maïga, décédé en détention en 2022.
Le journaliste, qui est aussi le porte-parole du Collectif pour la défense de la République (CDR), a allégué que l’ex-premier ministre ne serait pas simplement décédé en détention, mais qu’on l’aurait laissé mourir.
Entre-temps, le Directeur de Publication du journal Le Démocrate et membre du CDR, Aliou Touré, a disparu le 6 avril 2023, avant d’être libéré quatre jours plus tard par des agents de la sûreté de l’État qui l’avaient « kidnappé ». M. Touré assurait l’animation de l’émission d’actualité politique Les Grands Dossiers que Ras Bath animait sur Renouveau FM. Selon le CDR, Touré a été arrêté après une conférence organisée par le groupe pour dénoncer la détention de Ras Bath.
Il est difficile de cerner clairement les raisons de l’enlèvement du journaliste Aliou Touré. Ce dernier a confié à la MFWA qu’il préfère ne pas se prononcer sur les circonstances de sa disparition pour sa sécurité personnelle.
La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) est profondément préoccupée par l’arrestation et la détention arbitraire du journaliste Ras Bath. Nous demandons instamment aux autorités maliennes d’abandonner les charges retenues contre le journaliste et de faire preuve d’une plus grande tolérance à l’égard des opinions dissidentes. Nous nous réjouissons de la remise en liberté d’Aliou Touré, mais nous exigeons la libération de Ras Bath.
L’état de la liberté d’expression et de la sécurité des journalistes au Mali est l’un des plus alarmant en Afrique de l’Ouest. Le pays qui est en proie à des attaques terroristes. Les journalistes et communicateurs critiques se retrouvent souvent entre dans le marteau des autorités et l’enclume des terroristes.
Le climat politique délicat contraint plusieurs journalistes et voix critiques à l’autocensure, s’ils ne veulent pas se faire suspendre. Le 3 novembre 2022, la Haute Autorité de la communication (HAC), l’autorité de régulation des médias, a suspendu la chaîne Joliba TV News et sa page Facebook pour une durée de deux mois. La décision de la HAC fait suite à la publication d’un éditorial de l’organe de presse critiquant le gouvernement de transition du Mali.
Les autorités ont suspendu des chaînes françaises et expulsé des correspondants de certains médias étrangers.