La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) est préoccupée par la série de violations de la liberté de la presse enregistrées lors des récentes élections des gouverneurs des États dans certaines régions du Nigeria.
Selon les rapports des partenaires et sources du MFWA au Nigeria, au moins six journalistes ont été agressés physiquement et deux ont été menacés dans le cadre de leur couverture des élections des gouverneurs des États de Kogi et Bayelsa, ainsi que de la reprise des élections sénatoriales à Kogi West le 16 Novembre 2019.
Un groupe de voyous a jeté des pierres sur Tobi Kusimo et David Bello de la station de radio Splash FM lorsque les journalistes ont tenté d’interviewer un agent de bureau de vote à Aiyetoro Gbede, une ville de l’état de Kogi.
Une autre attaque collective contre des journalistes a été enregistrée à Anyigba, également dans l’État de Kogi. Sam Egwu, journaliste de la presse privé The Nation et Sunday Amachi, journaliste à la radio publique Kogi State Radio, ont été accueillis par des jets de pierres à leur arrivée dans un bureau de vote. La foule, dont le mobile reste inconnu, a entouré leur véhicule et l’a criblé de pierres.
Dans un autre bureau de vote de Dekina, dans l’État de Bayelsa, des journalistes de la télévision indépendante africaine couvrant les élections ont été attaqués par des voyous.
Outre ces incidents d’agressions physiques, trois journalistes qui couvraient les élections dans divers endroits ont été menacés.
Dans le premier cas de menace, également enregistré dans l’État de Kogi, des policiers ont menacé et forcé un journaliste de la presse en ligne The Cable, Chinedu Asadu, à quitter un bureau de vote. La police a accosté Asadu, alors qu’il filmait un homme politique donnant de l’argent à un groupe de femmes qui faisaient la queue pour voter. Ils se sont emparés du téléphone du journaliste et l’ont accusé d’avoir tenté de discréditer les élections dans l’État en déclarant que le processus avait été entaché par l’achat de votes. Asadu s’est enfui lorsque son téléphone lui a été rendu avec des malédictions et des menaces de la police.
Dans un autre incident, quatre individus non identifiés portant des cannes et des bouteilles ont intercepté Adejumor Kabir, un journaliste de la presse Premium Times, et lui ont ordonné de faire demi-tour. Les voyous ont menacé d’agresser Kabir s’il continuait son trajet au siège de la Commission électorale nationale indépendante dans l’État de Bayelsa pour y couvrir les événements. Le journaliste a donc été contraint d’abandonner sa mission d’aller faire un reportage sur la compilation des résultats des élections.
Un autre journaliste, Lolafunke Ogunbolu, qui travaille pour la chaîne privée Africa Independent Television, a rapporté qu’un groupe d’hommes armés l’avait menacé de lui battre après l’avoir vu filmer leur agression contre une femme dans un bureau de vote à Aiyetoro Gbede dans l’État de Kogi.
A Opolo, également dans l’Etat de Bayelsa, des jeunes soupçonnés d’être loyaux envers l’un des deux principaux partis politiques ont ouvertement brandi les armes, effrayant les électeurs. Certains journalistes et observateurs électoraux ont également fui lorsque les jeunes armés leur ont fait des avances.
La MFWA condamne ces attaques éhontées contre la liberté de la presse et demande que des enquêtes soient menées rapidement sur les incidents et les autres actes de violence qui ont créé un climat d’insécurité autour des élections.
Nous nous félicitons de l’annonce faite par le responsable des relations publiques des forces de police, Frank Mba, selon laquelle 20 suspects ont été arrêtés dans l’État de Kogi pour des infractions électorales. Nous exhortons les autorités de Bayelsa à traquer et punir également les auteurs des actes de violence et d’intimidation contre les électeurs et les médias lors des élections du 16 Novembre.