La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) condamne l’arrestation de Nnamdi Chude, un influenceur des réseaux sociaux, et demande que toutes les accusations de cyberharcèlement portées contre lui soient immédiatement abandonnées.
M. Chude, un activiste en première ligne du Parti travailliste sur les réseaux sociaux, a été arrêté le 19 avril 2023 et a passé la nuit en détention avant d’être libéré sous caution le jour suivant. Un tribunal fédéral de grande instance à Abuja l’a libéré sous caution pour un montant de 10 millions de nairas après qu’il ait plaidé non coupable de l’accusation.
La police a fait comparaître Nnamdi devant la juge Gladys Olotu pour cyberharcèlement, en lien avec un message publié sur Twitter par l’activiste à propos du Dr Emeka Okafor, un homme d’affaires respecté de l’État d’Anambra. Le chef d’accusation est marqué : FHC/ABJ/CR/130/2023, l’inspecteur général de la police était le plaignant et Nnamdi l’accusé.
La police a allégué que le 13 mars, Nnamdi a sciemment et intentionnellement formulé des allégations fausses dans un tweet depuis son compte Twitter « Chude »: « Que vous savez être fausses dans le but de causer un ennui, un inconvénient, un danger, une insulte, une blessure, une intimidation, une inimitié, une haine, une mauvaise volonté ou une anxiété inutile à la personne du Dr Emeka Offor et ainsi commettre un cyberharcèlement punissable en vertu de la section 24 (1) (b) de la loi sur la cybercriminalité de 2015 ».
L’arrestation de M. Chude le 19 avril est la deuxième en un mois pour la même affaire. Le 18 mars 2023, la police l’a arrêté et détenu pendant deux semaines après qu’il ait affirmé sur son compte Twitter qu’un homme d’affaires d’Anambra, Chief Emeka Offor, avait été engagé par le « président élu » du Nigeria, Bola Tinubu, pour convaincre Peter Obi d’accepter le résultat de l’élection présidentielle du 25 février.
Le juge, qui a autorisé Nnamdi à payer une caution de 10 millions de nairas, a ordonné que la caution soit déclarée sous serment et a reporté l’affaire au 17 mai pour le procès.
Bien que la MFWA condamne la publication d’allégations vagues pouvant nuire à la réputation d’individus et d’institutions, elle réprouve fermement le recours continu des autorités nigérianes aux arrestations et aux poursuites pénales pour des cas présumés de diffamation. La détention provisoire et les poursuites pénales ont été abolies dans presque toutes les juridictions démocratiques en faveur de recours civils. Par conséquent, la MFWA demande instamment aux autorités nigérianes d’abandonner les charges retenues contre Nnamdi et de réfléchir à la possibilité de modifier les lois sur la diffamation.
La MFWA réitère son inquiétude quant à l’utilisation abusive de l’article 24 de la loi nigériane sur la cybercriminalité pour museler les publications critiques en ligne. Par conséquent, elle appelle le gouvernement du Nigeria à se conformer à la décision du 25 mars 2022 de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dont le siège est ironiquement situé à Abuja. Cette décision ordonne au Nigeria d’abroger ou de modifier la disposition de la loi. La Cour de la CEDEAO a statué, dans le cadre d’un procès intenté par le groupe de la société civile SERAP, qu’« il est contraire à l’État de droit que la police inculpe quiconque pour un supposé ‘cyberharcèlement’ ».