La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) condamne fermement l’attaque gratuite contre Yussif Abdul Ganiyu, directeur général de la station Zuria FM basée à Kumasi, suite aux reportages de sa station sur la brutale application militaire des mesures de confinement dues au C0VID-19 dans la deuxième plus grande ville du Ghana.
Abdul Ganiyu a été attaqué le 5 avril 2020 par un soldat alors qu’il couvrait un exercice de nettoyage à Aboabo-Akorem, dans un quartier de Kumasi, dans le cadre des efforts de lutte contre la propagation de la pandémie de COVID-19. Tandis que le journaliste menait une interview, un membre de l’équipe de patrouille militaire chargée de faire respecter les mesures de confinement sur le COVID-19 l’a identifié comme étant le directeur général de Zuria FM et l’a confronté à propos d’un reportage que la station avait publié sur sa page Facebook sur les brutalités dont aurait été victime un homme de 71 ans qui n’aurait pas respecté l’ordre de confinement.
Le journaliste a déclaré à la MFWA que la femme militaire, sous-lieutenant Betrot Ampoma, qu’il croit comprendre être le commandant de l’équipe de patrouille de la municipalité d’Asokore Mampong, l’avait giflé à plusieurs reprises après l’avoir embarqué dans le véhicule de patrouille. Il a déclaré que le Lt Ampoma l’avait appelé anonymement deux jours plus tôt pour le menacer.
“Elle m’a dit que c’était elle qui avait appelé pour nous prévenir, moi et ma station, de cesser de discréditer les militaires”, a déclaré Ganiyu.
Le journaliste, qui est également un correspondant local de la radio Deutsche Welle (DW), a déclaré avoir été libéré par le soldat après l’intervention du chef de l’exécutif municipal d’Asokore Mampong, l’honorable Alhaji Alidu Seidu, qui dirigeait l’exercice de nettoyage qu’il couvrait. Son téléphone saisi ne lui a cependant pas été rendu.
Quelque cinq soldats ont ensuite pris d’assaut le bureau de Ganiyu à Zuria FM et l’ont emmené à la direction de police de la région d’Ashanti pour porter plainte contre le journaliste pour faux reportage. C’était après que Ganiyu se soit rendu à la même direction de police pour déposer une plainte et qu’on lui ait demandé de revenir le lendemain pour que sa déclaration soit prise.
Entre-temps, la direction de DW a demandé, dans une lettre adressée au ministre de l’information du Ghana, que l’affaire fasse l’objet d’une enquête et que le coupable soit sanctionné.
“Je vous demande de bien vouloir m’aider à faire en sorte que cette affaire fasse l’objet d’une enquête et que les responsables rendent des comptes”, peut-on lire dans la lettre signée par le responsable de la communication du radiodiffuseur allemand, Christoph Jumpelt.
La MFWA condamne également l’attaque contre Abdul Ganiyu comme étant injustifiée et dissuasive du soutien impressionnant des médias à l’effort national de lutte contre la pandémie de COVID-19. Cet incident s’ajoute à un nombre croissant d’attaques brutales contre des civils par les forces de sécurité qui appliquent les mesures de confinement sur le COVID-19 dans tout le Ghana, un phénomène dont les dirigeants de l’armée et de la police doivent se préoccuper et prendre des mesures urgentes pour s’assurer que les agents mènent leurs opérations dans les limites de la loi.
Les médias sont constitutionnellement mandatés pour couvrir et rendre compte des questions nationales en général et pour éduquer et informer le public sur les questions affectant leur bien-être, dont la pandémie COVID-19 fait partie. Les opérations des forces de sécurité et la conduite de leurs agents sont un sujet légitime d’inquiétude pour le public et d’examen minutieux par les médias. Les agences de sécurité de l’État doivent donc reconnaître cette réalité et ne pas considérer les médias comme un ennemi. À cette fin, nous demandons aux militaires d’enquêter sur l’attaque de Ganiyu et de veiller à ce que les responsables rendent des comptes.