La Gambie Sous le Regime de Yahya Jammeh: 22 Ans de Repression, des Violations des Droits Humains

Le 22 juillet 1994, un groupe d’officiers militaires, dirigé par Yahyah Jammeh a renversé le régime du Président Dawda Jawara, qui était au pouvoir depuis 1970. Soutenu par l’armée, Yahya Jammeh s’était déclaré Président de la République, et au fil du temps, il a pris directement en charge les ministères de la défense et celle de l’Intérieure.

Ne tolérant la moindre dissidence, le gouvernement gambien commet de graves violations des droits de l’homme. Les défenseurs de droits de l’homme, les journalistes, les opposants politiques et d’autres gambiens qui critiquent les politiques du gouvernement font face à des intimidations, des détentions,des tortures, des maltraitances, des menaces de mort, et  de disparition forcée.

Les 22 dernières années ont été caractérisées par des violations de la liberté d’expression et des droits humains en Gambie. Les actes de violations commis au cours des 22 années sont entre autre ;le meurtre de 14 manifestants en avril 2000, et de Dayda Hydara en 2004; la disparition forcée du journaliste Ebrima Manneh en 2006; la torture du journaliste Musa Saidykhan en 2006; le meurtre des 60 ressortissants de l’Afrique de l’Ouest sur la côte de la Gambie; l’exécution arbitraire de 9 prisonniers en 2012 et la détention au secret pendant cinq mois au cours de la même année, du défenseur des droits de l’homme, Imam Baba Leigh.

De nombreux journalistes, défenseurs des droits de l’homme et des citoyens ont été arrêtés et détenus de manière arbitraire pour le simple fait qu’ils ont exercé leurs droits à la liberté d’expression. Le journaliste Abdoulie Ceesay a été détenu et torturé pendant plus de neuf mois par les agents de sécurité gambiens. Le 19 juillet 2016, 19 membres de l’opposition ont été condamnés à trois ans de prison ferme pour avoir manifesté contre l’interpellation et la mort d’une figure importante de l’opposition, Solo Sandeng.

Le gouvernement du Président Jammeh a,  à maintes reprises, refusé de respecter plusieurs jugements rendus par la Cour de justice de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), y compris le refus de verser le dédommagement prévu pour Musa Saidykhan ainsi que les familles de Ebrima Manneh et Deyda Hydara.

Depuis l’accession au pouvoir du Président Jammeh, le système judiciaire est affaibli et miné par son ingérence et par l’adoption des textes de lois de plus en plus répressifs à l’encontre du dissentiment. A titre d’exemple, l’Assemblée Nationale a apporté, en avril 2013, des modifications au Code pénale afin de  durcir les sanctions pour l’infraction liée à de faux renseignement au fonctionnaire d’Etat (section 114), infraction qui jusqu’ alors prévoyait une peine de six mois de prison ferme et/ou une amende de 500 Dalasi (environ 13 dollar American). L’amendement a prévu une peine maximale de cinq ans de prison ferme et une amende 50,000 Dalasi (environ 1,293 dollar américain).

Par ailleurs, en juillet 2013, l’Assemblée Nationale a voté la loi (Amendement) portant régime de l’Information et de la Communication qui prévoit que les usagers de l’internet, les journalistes et bloggeurs jugés coupables de fausses déclarations seront passibles d’une peine maximale de 15 ans de prison ferme et une amende 3 million Dalasi (environ US$74,690 dollar américain).

Dans ce climat généralisé de la peur , la plupart de journalistes, de défenseurs des droits humains et les citoyens sont obligés d’imposer l’auto censure où de fuir le pays.

Nous interpelons la communauté internationale – surtout la Commission Africaine  des Droits de l’Homme et des Peuples, (CADHP), l’Union Africaine (l’UA), la CEDEAO, et les états africains – sur la situation des droits de l’homme qui ne cesse de se détériorer en Gambie, et sur le manque de recours effectifs pour les victimes des violations en Gambie au cours des 20 dernières années.

Nous lançons un appel aux autorités de la CEDEAO, de l’UA, de la CADHP, et de l’ONU et la communauté internationale à peser de leurs poids sur les autorités gambiennes en vue:

  • d’enquêter sur toutes les violations présumées des droits humains et d’en traduire en justice tous les auteurs;
  • de supprimer tout texte de loi qui sert à réprimer la liberté
    d’expression, surtout la loi portant régime de l’Information et de la Communication, la loi d’Indemnité, et le Code Pénal (Amendé);
  • de respecter les droits fondamentaux de liberté d’expression, de rassemblement et d’association, et de permettre aux journalistes, aux défenseurs des droits de l’homme, ainsi qu’aux activistes politiques de poursuivre leurs activités sans entrave, ni la peur des attaques, des arrestations arbitraires, de torture ou de disparition forcée. ,
  • de relâcher immédiatement et sans condition, tous les prisonniers d’opinion, particulièrement, les membres du parti d’opposition, Union Democratic Party (l’UDP)
  • de relâcher tous les personnes qui sont détenues illégalement, ou de les inculper d’une infraction reconnue par la loi dans le cadre d’un procès équitable.
  • de faire exécuter au plus vite les décisions rendus par la Cour de justice de la CEDEAO dans les affaires des journalistes Erima Manneh, Musa Saidykhan et Deyda Hydara

 

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