Amadou Diouldé Diallo, journaliste et vice-président de l’Association internationale de la presse sportive (AIPS), a été arrêté le 27 février à Conakry par des policiers alors qu’il faisait son sport matinal. Il a été détenu dans les locaux de la Direction d’Investigation de la police judiciaire.
Inculpé le1er mars d’offense au chef de l’État guinéen, Alpha Condé, Il est écroué depuis à la prison civile de Conakry. Ses avocats dénoncent ce qu’ils qualifient de « violation de la loi sur la liberté de la presse », une loi qui interdit l’emprisonnement d’un journaliste pour délit de presse.
Bien que n’exerçant plus son travail de journaliste sportif depuis qu’il a été suspendu de ses fonctions en 2015, Amadou Diouldé est une voix respectée dans les médias sportifs et jouit d’une grande notoriété dans la presse nationale et dans l’opinion nationale pour ses critiques envers le régime alpha Condé.
Il intervient souvent dans des émissions politiques à grand audimat comme l’émission Œil de Lynx de la radio Lynx Fm, l’émission Africa 2015 de radio Nostalgie.
Il y a quelques mois, il avait déclaré dans l’émission « Œil de Lynx » de la radio Lynx FM qu’il a son baluchon prêt pour la maison centrale. Parce que, avait-il dit « de nos jours, quiconque est critique à l’égard du pouvoir finit toujours par être à la Maison centrale ».
Suite à son arrestation, le journaliste a été entendu par des officiers de la police judiciaire le 1er mars, 2021 durant des heures dans les locaux de la Direction des Investigations de la Police judiciaire. Au terme de l’interrogatoire, l’avocat Me Salifou Beavogui s’est adressé à la presse ;
« Amadou Diouldé Diallo est poursuivi pour diffamation et offense au chef de l’Etat, il a répondu à sa façon aux question qui lui ont été posées. Il a été entendu sur la base de la loi 002 sur la liberté de la presse. Qui parle de la loi sur la presse, la détention est exclue, c’est la pénalisation. En principe, il ne devrait même pas passer une seule seconde en garde à vue. C’est illégal, c’est injuste ».
Conformément à l’ordre de déféré, le journaliste a été envoyé au Tribunal de Première Instance de Dixinn, un tribunal situé en banlieue de Conakry. Et là, contre toute attente, le Procureur de la République près le TPI de Dixinn a délivré un mandat de dépôt contre le journaliste alors que la loi 002 ne prévoit pas de détention dans ce cas. Me Mohamed Traoré, avocat et ancien bâtonnier s’est exprimé à cet effet
« En la matière, la détention provisoire n’est pas prévue par la loi. Nous nous battrons pour que cela soit reconnu au niveau de la chambre de contrôle de l’instruction ».
Au lendemain de son incarcération, Diallo a été admis d’urgence à l’Hôpital Ignace-deen avec des soucis de santé.
L’Association Internationale de la Presse Sportive (AIPS), dont Diallo est membre, a dénoncé la détention du journaliste.
“l’incarcération du journaliste est condamnable, intolérable et constitue définitivement une violation flagrante de ses droits fondamentaux, car il n’a été ni traduit en justice ni inculpé d’aucune infraction” s’indigne le groupe dans un communiqué.
La Fondation des médias pour l’Afrique de l’ouest est très préoccupée par la détention d’Amadou Diouldé Diallo et en appelle aux autorités guinéennes pour qu’elles le remise en liberté. Tant les délits de presse sont débanalisés en Guinée, le journaliste ne devrait pas être emprisonné pour des propos qu’il a tenus à la radio en tant que journaliste. Conséquemment, nous demandons sa libération immédiate, eu égard notamment de sa santé fragile.