La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) salue le rétablissement de l’internet au Niger après dix jours de perturbation, toute en soulignant que le réseau d’internet ne devrait pas être perturbé en premier lieu.
Après plusieurs réactions de condamnation, l’internet a été rétabli le 5 mars, 2021 au Niger. Ceci fait suite à une coupure de dix (10) jours, au cours desquels les populations de Niamey, la capitale du Niger, ainsi que ceux de la plupart des villes du pays n’avaient pas accès à la connexion internet mobile.
Cette coupure fait suite aux manifestations violentes dans la capitale Niamey avec l’annonce des résultats provisoires du 23 février 2021 donnant le candidat Bazoum Mohamed vainqueur du second tour de l’élection présidentielle.
Des manifestions qui ont duré trois jours et qui ont fait deux morts et de nombreux dégâts matériels, notamment des destructions des biens publics et privés, saccages des boutiques et stations-services, des banques et services de transferts d’argents, des maisons brulées, dont celle du Directeur du groupe de presse SARRAOUNIA et correspondant de Radio France Internationale (RFI), Moussa Kaka, le 24 février à Niamey.
Plusieurs organisations nationales et internationales de défense des droits humains ont condamné la coupure d’internet, qui est une violation grave de la liberté d’expression au Niger. L’Association des consommateurs (ADC-WADATA) aisance en langue haoussa par la voix de son président Maman Nouri tout tant condamnant les violences qui ont suivies les manifestations, a exigé le rétablissement de l’internet en tant qu’outil de travail et d’expression des libertés.
L’union des étudiants des universités publiques du Niger a dénoncé dans une déclaration en date du vendredi 5 mars ce qu’elle a appelé une tentative de museler les libertés publiques.
La coupure d’internet a eu pour conséquences l’arrêt de plusieurs activités notamment, dans les banques, les services de transferts d’argents, la suspension des activités des médias numériques, certains travaux de recherches académiques.
« Nous nous sommes vus incapables de publier en ligne des articles de presses et même de paraitre en version papier du fait et de la coupure et des manifestations violentes dans la capitale » déplore le directeur de publication du journal la Roue de l’Histoire M. Ibrahim.
« Cette coupure d’internet m’a empêché d’exercer et de pouvoir confronter les publications en tant de crise pendant lequel, les fausses informations pullulent de tout part » s’indigne Oumarou S. Brah correspondant de PESA CHECK.
Face aux conséquences, le collectif des organisations de la société civile Tournons La Page (TLP) s’est engagé à porter plainte afin que les consommateurs soient rétablis dans leurs droits. Cette plainte vise l’Etat du Niger et quatre (4) opérateurs de téléphonies présents sur le marché au Niger.
Le coordinateur du collectif Tournons La Page, Maichoul Zodi, a déclaré que le collectif dont il préside va porter plainte contre la coupure d’internet au Niger.
Les autorités et les compagnies de téléphonies n’ont jusque-là pas réagi à cette coupure d’internet. Jusque-là, les autorités en charge de la sécurité publique et les compagnies de télécom n’ont toujours pas communiqué sur les raisons de la coupure du réseau internet.
L’association des jeunes avocats du Niger (AJAN) a, à son tour, annoncé avoir introduit une plainte auprès du tribunal de commerce de Niamey.
En 2015, lors des manifestations violentes anti Charlie Hebdo, les autorités nigériennes ont coupé temporairement l’internet afin de contenir les émeutes qui ont fait dix morts et plusieurs églises et débits de boissons détruits.
La coupure d’internet est une violation de la liberté d’expression comme l’a fait savoir une décision de la cour de justice de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Cette Cour a statué que l’accès à Internet fait partie intégrante du droit à la liberté d’expression et doit être protégé par la loi.
« En cette période de crise de COVID-19, les populations ont le plus grand besoin de l’internet pour s’informer sur la pandémie afin de prendre les précautions nécessaires pour se protéger. La pandémie a également obligé nombre d’écoles à recourir aux cours en ligne, alors que des entreprises y compris les entreprises des médias se voient obligées de travailler à distance. La coupure de l’internet aurait donc perturbé les activités économiques et sociales avec des conséquences onéreuses, » dénonçait Muheeb Saeed, responsable de programme Liberté d’Expression de la MFWA.
La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) condamne cette violation grave de la liberté d’expression et recommande aux autorités du Niger de bannir le recours à ces pratiques anti-démocratiques.
La MFWA soutient les organisations de défense des droits humains, dans leurs efforts pour défendre et promouvoir la liberté d’expression tant en ligne que hors ligne au Niger.