Guinée : Un site d’investigation banni par la Haute Autorité de la Communication

La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) est profondément préoccupée par l’interdiction, sur tout le territoire guinéen, du site d’investigation Depecheguinee.com par la Haute Autorité de la Communication (HAC).

La décision de la HAC, signée le 27 janvier 2025, a été lue le jour suivant, soit le 28 janvier 2025, à la télévision nationale de Guinée.

Cette décision intervient après la publication d’une tribune libre écrite par un certain Samir Moussa, intitulée « Guinée : Mamadi Doumbouya ou la malédiction du pouvoir », qui contient de nombreux éléments considérés par la HAC comme des « incitations à l’insurrection et au trouble à l’ordre public », tel que mentionné dans la décision.

Le média en ligne Depecheguinee.com, fondé par Abdoul Latif Diallo, est réputé pour ses enquêtes sur la corruption, les pots-de-vin et d’autres formes de malversations au sein de l’administration guinéenne. La HAC a également souligné l’indisponibilité d’Abdoul Latif lors de leur processus d’examen de l’article incriminé.

Le média ayant déjà été suspendu en janvier 2024 pour une durée de neuf mois, l’article incriminé est considéré par la HAC comme ayant été la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Suite aux sanctions répétées infligées à lui-même et à son organe de presse par la Haute Autorité de la Communication, le fondateur du site s’est exilé.

Le gouvernement guinéen a procédé, au cours des deux dernières années, à une répression croissante des voix dissidentes. L’an dernier, plusieurs médias ont été suspendus pour avoir critiqué le pouvoir en place, ce qui reflète les tensions persistantes entre les autorités et la presse indépendante en Guinée. Cette situation s’accompagne d’arrestations arbitraires et de disparitions de certaines voix critiques. Cela envoie un message dissuasif aux autres médias qui pourraient hésiter à produire des contenus critiques.

La MFWA déplore la décision de la HAC d’interdire le média sur le territoire guinéen, et appelle l’institution à revoir cette mesure, jugée excessive et susceptible de réduire au silence toute voix dissidente au sein des médias guinéens.

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