Comment contourner l’honneur et la dignité du Président Alpha Condé dans l’exercice sa fonction de journaliste ou d’acteur politique en Guinée est devenu un affaire risquée. C’est un défi qui a couté aux journalistes et citoyens leurs libertés individuelles et leurs intégrités physiques.
En moins d’un an, quatre professionnels des médias ont été suspendus en Guinée, un a été attaqué, un autre a été reconnu coupable au côté d’un citoyen, un Membre du Parlement aussi. Tous sauf une de ces violations impliquent des personnes proches du Président Alpha Condé sous prétexte qui réagissait à des prétendues allégations d’affront au Chef de l’Etat.
La plus récente d’une série d’accusation de lèse-majesté était contre un député du parti d’opposition l’Union des forces démocratiques en Guinée (UDFG) Ousmane Goual Diallo.
Ousmane Diallo a été arrêté le 2 Août 2016 après que certains membres de la coalition au pouvoir ont prétendu dans une conférence de presse le même jour qu’il a insulté le Président Condé lors d’une réunion du parti UDFG. Les trois, y compris un Secrétaire à la Présidence, Sanoussi Gbantama Sow, a aussi déclaré que le député a proféré des menaces contre leurs personnes et leurs familles.
Malgré l’immunité parlementaire dont il bénéficie en tant que Membre du Parlement, Diallo a été détenu 3 jours avant d’être condamné à une peine de deux ans avec sursis et une amende d’un million de francs Guinéens (l’équivalent de US $ 125 ) le 12 Août pour ‘’outrage au Chef de l’Etat’’.
Avant l’épreuve du Membre de Parlement de l’opposition, un reporter de l’hebdomadaire Le Populaire a été brutalisé par un groupe de la garde présidentielle pour avoir pris une photo du président. Le Chef de l’Etat quittait le siège du parti RPG Arc-en-Ciel au pouvoir à Conakry après une réunion lorsque le reporter l’a photographié. Les gardes ont vu cette routine journalistique comme un affront, et ont foncé sur le journaliste, en le rouant de coup de poings, de battons et de crosses. Le camera et l’enregistreur de Malick Diallo ont été par conséquent détruits.
Trois jours avant le calvaire de Malick Diallo (22 Juin 2016), le présentateur d’un programme de radio populaire sur Milo FM, Bouya Kebe a été condamné à payer une amende d’un million de francs Guinéens ( l’équivalent de US $ 125) après qu’un auditeur ait intervenu par téléphone dans son émission pour faire une remarque qui a été jugée par un gouverneur provincial comme insultante à l’endroit du Président Alpha Condé.
Sur la plainte déposée par le Gouverneur, Nawa Drame, un Magistrat de la Cour a jugé et trouvé coupable le présentateur de ‘’ complicité d’outrage au Chef de l’Etat’’. L’intervenant, Mohamed Nabo, qui est en fuite, a été jugé coupable d’ « outrage au Chef d’Etat », et condamné par contumace à un an d’emprisonnement assorti d’un mandat d’arrêt.
Le Président Alpha Condé aurait lui-même donné l’exemple à ses proches lorsqu’il a, par décret, suspendu de leurs fonctions le Directeur Général de la Radiotélévision Guinéenne, RTG, Yamoussa Sidibé et trois autres hauts fonctionnaires de la radio diffusion nationale le 20 Octobre 2015 suite à une mauvaise transmission télévisée d’un évènement lui concernant.
La transmission en direct de la proclamation des résultats provisoires des élections qui ont réélu le Président Condé a été entachée d’images vacillantes et de son de mauvaise qualité. En dépit des difficultés techniques et de ressources bien connues au sein de la chaîne télévision nationale, le Président a jugé la diffusion bâclée comme un acte de sabotage. Les fonctionnaires licenciés n’ont été réintégrés que trois mois plus tard.
L’implication personnelle du Président Condé dans un des actes de violations susmentionnés contre les professionnels du média et les citoyens est regrettable; l’association de son nom avec les autres violations n’est pas moins préoccupante.
La MFWA croit que l’agression contre, et la poursuite des journalistes, des citoyens ordinaires et des opposants politiques au nom de la protection de l’image du président sont contre-productives. Ces incidents projettent plutôt la Présidence sous un mauvais jour. Par conséquent, nous lançons un appel aux autorités concernés en Guinée de prendre les mesures nécessaires pour mettre fin aux violations de la liberté d’expressions qui sont commises sous prétexte de protéger l’image du président.