Guinée : l’activiste porté disparu Abdoul Sacko retrouvé avec des traces de torture

La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest se réjouis de la réapparition de Abdul Sacko, mais condamne avec la plus grande fermeté́ les actes de torture auxquels il aurait été assujettis.

Le 19 février 2025, Abdoul Sacko, coordinateur du Forum des Forces Sociales de Guinée (FFSG), a été enlevé à son domicile par des hommes armés. Selon ses proches, ces derniers ont fait irruption chez lui aux alentours de 4 heures du matin, l’ont violemment agressé devant sa famille, confisqué son téléphone, puis emmené à bord d’un véhicule sans plaque d’immatriculation.

Son enlèvement a suscité́ une vague d’indignation en Guinée et à l’international, entraînant une réaction de l’ambassade des États-Unis, qui, le 19 février 2025, a exhorté́ le gouvernement guinéen à diligenter une enquête rapide sur cette affaire et à dénoncer l’escalade des détentions arbitraires de journalistes.

Le 20 février 2025, un jour après sa disparition, ses avocats ont annoncé́ qu’il avait été retrouvé à 100 kilomètres de Conakry, grièvement blessé et présentant des signes de torture. Il a aussitôt été hospitalisé.

A la suite de cet événement, le Barreau de Guinée, fidèle à sa mission de défense des droits et libertés fondamentaux, exprime sa profonde préoccupation et dénonce le silence des autorités judiciaires face à cette grave violation des droits humains et au climat de peur qui s’installe progressivement dans le pays.

Le Barreau considère cet enlèvement comme un manquement flagrant de l’État à son obligation de protéger ses citoyens, une responsabilité consacrée par la Constitution. Il condamne également l’inaction des autorités judiciaires, dont l’absence totale de réaction ne fait qu’alimenter l’indignation et les craintes justifiées des citoyens et des organisations de défense des droits humains.

Le Barreau de Guinée a ensuite exhorté le gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires pour élucider non seulement cet enlèvement afin de garantir la sécurité de M. Abdoul Sacko, mais aussi celle de trois autres militants et d’un journaliste portés disparus. Il s’agit d’Oumar Sylla (alias Foniké Manguè) et de Mamadou Billo Bah, deux dirigeants du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC). Ils ont été enlevés à leur domicile situé à Dixine, dans la ville de Conakry, dans la nuit du 9 juillet 2024 par des hommes masqués et en uniforme. Le troisième militant, Saadou Nimaga, secrétaire du ministre des mines sous le président déchu Alpha Condé, a été embarqué dans un véhicule en plein jour par des hommes en civil le 17 octobre 2024. Le quatrième est Habib Marouane Camara, journaliste et fondateur du site d’information Lerevelateur224.com. Camara a été arrêté vers 20 heures le 3 décembre 2024 alors qu’il se rendait à une réunion et a été emmené par des inconnus.

La Fondation pour les Médias en Afrique de l’Ouest (MFWA) renouvelle sa ferme condamnation de ces actes d’intimidation, d’enlèvement, de détention illégale et de torture, qui violent les normes internationales relatives aux droits de l’homme et menacent le processus de transition démocratique en Guinée. Nous nous joignons au barreau guinéen pour exiger des enquêtes approfondies afin que les responsables de ces actes soient identifiés et traduits en justice.

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