Trente-deux journalistes guinéens ont été testés positifs au COVID-19, la maladie continue de faire des ravages dans le secteur des médias.
Depuis que ce pays d’Afrique de l’Ouest a enregistré son premier cas en mars 2020, les journalistes se trouvent en première ligne, généralement sans protection adéquate. Heureusement, les 32 journalistes se sont complètement rétablis.
Les six premiers journalistes à avoir été infectés par le virus ont fait un don d’équipements de protection individuelle et de désinfectants à la confrérie des médias en Guinée le 14 août 2020. Lors de la remise des dons dans les bureaux de l’Union des radiodiffusions et télévisions libres de Guinée (URTELGUI) à Conakry, un porte-parole des six, Aboubacar Diallo, a déclaré que ce geste était inspiré par le fait que les journalistes n’ont pas reçu suffisamment de soutien pour se protéger contre la pandémie.
“Si je ne me trompe pas, la presse est la seule partie prenante qui n’a pas été prise en compte dans le plan d’action du gouvernement contre la COVID-19 ; que ce soit en termes de soutien financier ou de distribution de kits sanitaires”, a déclaré M. Diallo.
Au taux de morbidité inquiétant de la COVID-19 parmi les professionnels des médias s’ajoute le coup fatal économique que la pandémie a porté au secteur des médias. La chute générale des activités économiques a entraîné une perte de revenus considérable, obligeant les propriétaires de médias à tronquer un processus d’adoption d’une convention collective.
L’accord devait garantir un salaire minimum décent, des congés annuels, une formation professionnelle, une assurance maladie et un voyage d’étude, une aide juridique en cas de procès lié à l’exercice de la profession. Cependant, les propriétaires de médias affirment que les pertes financières qu’ils ont subies à cause de la COVID-19 rendent impossible la poursuite du processus.
Le Syndicat des professionnels de la presse privée de Guinée (SPPG), qui a défendu la convention collective, reconnaît son impuissance face aux difficultés causées par la pandémie chez les propriétaires de médias. Selon Sidi Diallo, secrétaire général du SPPG, l’organisme “ne peut pas forcer les employeurs à adopter la convention collective lors du COVID-19 … Il s’agit aujourd’hui de la survie même des entreprises de presse face au COVID-19”.
Toujours en relation avec la COVID-19, un groupe de gendarmes a pris d’assaut, le 15 juin 2020, les locaux de Radio Kalac FM, émettant à Kankan, et l’a fermée sur ordre du préfet, Amara Lamine Soumah. La station de radio a été accusée de diffuser et de rediffuser des extraits sonores de la prédication de Karamo Cheick Souleymane Sidibé. Le prêcheur avait été bâillonné par les autorités après avoir prétendument réuni ses fidèles chez lui pour un sermon, en violation des protocoles COVID-19.
Cette fermeture était contraire aux lois guinéennes qui stipulent que seuls les tribunaux peuvent ordonner la fermeture d’une station de radiodiffusion. Selon Mohamed Thiam, juriste à Conakry, la fermeture arbitraire est également une violation flagrante de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA) dont l’Etat guinéen est signataire.
“L’État guinéen a violé son engagement international au titre de la loi OHADA en supprimant l’utilisation des médias et en ne tenant même pas compte du statut corporatif de cette maison de presse qui a des contrats avec des individus et des sociétés étatiques et non étatiques qui pourraient les poursuivre pour rupture unilatérale du contrat de service”, a déclaré Thiam au MFWA.