La Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) est préoccupée par les poursuites pénales engagées contre Alfred Ababio Kumi, un militant du parti d’opposition ghanéen, pour des allégations qu’il a faites sur les médias sociaux concernant de prétendues fautes judiciaires.
Kumi, également connu sous le nom d’Adenta Kumi, et ancien aspirant parlementaire du Nouveau Parti patriotique (NPP) d’opposition, a été accusé de publication de fausses nouvelles, une infraction pénale en vertu de la section 208 de la loi sur les infractions pénales du Ghana qui est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement.
Selon son avocat, Clement Opoku Gyamfi, l’accusation a été formellement déposée par le Bureau National des Enquêtes (NIB) le mercredi 23 mai 2025, suite à l’arrestation de Kumi à son domicile le vendredi 17 mai par des agents armés de la sécurité nationale.
L’affaire découle des allégations des médias sociaux de M. Kumi selon lesquelles les juges Gabriel Pwamang, Adibu-Asiedu et Emmanuel Yoni Kulendi, membres d’un comité enquêtant sur une requête visant à révoquer la juge en chef Gertrude Torkornoo, ont rencontré Thaddeus Sory, l’avocat représentant le requérant, dans un restaurant d’Accra pour discuter de l’affaire. Citant cette prétendue réunion, Kumi a adressé une pétition au président John Mahama pour dissoudre le comité, arguant que les juges étaient compromis.
Des images provenant d’une caméra de surveillance, prétendument du restaurant Santoku où la réunion présumée s’est déroulée, ont circulé en ligne. Toutefois, son authenticité n’a pas été vérifiée de manière indépendante. Thaddeus Sory a nié cette allégation.
Kumi a depuis fait une mise en garde après avoir été interrogé par des agents du NIB en présence de son avocat. Dans des interviews aux médias, Opoku Gyamfi a confirmé que l’accusation se rapporte aux allégations de Kumi contre les juges.
La MFWA trouve troublant que Kumi soit poursuivi pénalement pour avoir exprimé une opinion forte, quoique controversée, sur une question d’intérêt national. Encore plus préoccupant est l’utilisation d’agents armés pour l’arrêter chez lui ; une réponse excessive qui envoie un message effrayant aux citoyens et aux commentateurs.
La MFWA appelle le gouvernement et les agences de sécurité à traiter l’affaire avec proportionnalité et respect des libertés constitutionnelles, en particulier le droit à la liberté d’expression.