Les médias au Burkina Faso ont observé un «silence média» pour marquer les 18 ans d’anniversaire de la mort du journaliste d’investigation Norbert Zongo, assassiné le 13 Décembre 1998.
L’opération «silence média» comprend la suspension des programmes dans les médias pendant «13 minutes de silence radio» et «13 minutes d’écran noir » à la télévision suivie d’une marche silencieuse en «page noire». L’apothéose de la journée a été marquée par un sit-in silencieux devant le palais de justice de Ouagadougou.
Le Centre National de Presse Norbert Zongo (CNP-NZ), une organisation de promotion du développement des médias et de la liberté d’expression; qui tient son nom du célèbre journaliste, a organisé ces activités avec les médias pour marquer le 18ème anniversaire de l’assassinat de Norbert Zongo.
Abdoulaye DIAALO, le Coordonnateur du Centre National de Presse Norbert Zongo, partenaire de la MFWA au Burkina Faso, a dit que les manifestations sont destinées à dénoncer le silence coupable du système judiciaire du Burkina Faso. «Pourtant, la réouverture du dossier judiciaire pendant la transition et l’avènement du nouveau pouvoir ont nourri l’espoir des combattants de l’injustice et de l’impunité», se lamente Diallo.
Le 13 Décembre 1998, le journaliste et éditeur Burkinabè du journal L’Indépendant, Norbert Zongo et ses trois collègues: son frère Ernest Zongo, Blaise Ilboudo un membre du personnel et Ablasse Nikiema leur chauffeur ont été assassinés horriblement à Sapouy, environ 100 kilomètres au sud de Ouagadougou.
Norbert Zongo a été assassiné à l’époque lorsqu’il investiguait sur la mort suspecte de David Ouédraogo, un ancien chauffeur de François Compaoré, le frère cadet du président de l’époque, Blaise Compaoré. Les enquêtes n’ont jamais abouti pleinement et les familles des victimes attendent toujours.
En Mars 2014, la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples , a rendu un jugement en disant selon lequel le Burkina Faso avait violé la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples puisqu’il a manqué à son obligation d’enquêter diligemment sur l’assassinat de Zongo, et a conclu que le Burkina Faso avait violé l’obligation de protéger les droits fondamentaux des journalistes en vertu du Traité Révisé de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Dans les mesures des réparations ordonnées par la cours, elle a ordonné au Burkina Faso le paiement des dommages à hauteur d’un million de dollars en faveur des victimes.
Les manifestations du 18ème anniversaire de l’assassinat de Norbert Zongo sont destinées à attirer l’attention du public, du gouvernement burkinabè et de la communauté internationale sur l’impunité qui continue d’entourer ce meurtre et à appeler l’Etat à investiguer l’affaire et rendre justice.
La MFWA croit que la mort de Norbert Zongo a été une tentative d’intimider les médias et de museler la liberté d’expression au Burkina Faso. Nous félicitons notre partenaire, le CNP-NZ pour l’initiative et joignons notre voix aux médias du Burkina Faso pour demander que la justice soit rendue à Norbert Zongo et à ses trois camarades ainsi qu’à leurs familles.