Le régime militaire du Burkina Faso a suspendu l’organe de presse français Le Monde, intensifiant ainsi ses attaques contre les médias, en particulier contre les plates-formes internationales dans le pays.
La suspension fait suite à la publication d’un article critique de l’organe de presse, que les autorités qualifient de « tendancieux ».
Ce fut le porte-parole du gouvernement, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, qui a annoncé cette décision en déclarant que « le gouvernement a décidé en toute responsabilité de la suspension de tous les supports de diffusion du journal Le Monde au Burkina Faso à compter de ce samedi 2 décembre 2023 ». L’article controversé intitulé « Au Burkina, la propagande fait rage après l’attaque djihadiste sur Djibo », a été publié après une attaque djihadiste qui a frappé une base militaire le 26 novembre 2023 à Djibo (ville située dans le nord du Mali).
Le gouvernement burkinabè accuse Le Monde de pencher en faveur des terroristes dans sa couverture des attaques à Djibo en novembre dernier. Dans ledit communiqué, le gouvernement a également rejeté toute accusation de propagande faite par Le Monde, affirmant qu’il a toujours maintenu un langage de vérité dans la lutte contre le terrorisme. Le gouvernement a également affirmé que Le Monde « a choisi son camp », et tenter de présenter une équivalence morale entre l’État burkinabè et les terroristes.
En réaction à sa suspension, Le Monde déplore la décision du gouvernement et ce qu’il qualifie « d’allégations aussi fausses qu’intolérables ». Le Monde a insisté qu’il n’a fait que son travail, en toute impartialité et en toute indépendance, sollicitant de multiples sources, y compris le gouvernement burkinabé qui n’a pas donné suite à ses demandes d’interviews.
Cette suspension est la deuxième sanction prise à l’encontre du journal Le Monde au cours de l’année 2023. En avril, les autorités ont expulsé la correspondante du média au Burkina Faso, Sophie Douce, ainsi qu’Agnès Faivre, également du magazine français Libération.
La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) condamne fermement la suspension du média Le Monde et invite la junte reconsidérer son approche. La loi du pays place les médias sous la responsabilité du Conseil supérieur de la communication. Les médias ont des associations professionnelles qui autorégulent leurs membres. Nous recommandons au gouvernement de recourir à ces deux modes de résolution des conflits, qui constituent une option plus saine que l’approche machiste qui ne fait que renforcer la méfiance et accroitre les malentendus.