Burkina Faso : La chaîne de télévision BF1 punie d’une amende équivalente à 843 USD

La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) est particulièrement préoccupée par l’amende de 500 000 FCFA (843 USD) infligée à la chaîne de télévision BF1 par le Conseil Supérieur de la Communication (CSC) le 26 mars 2025.

Le Conseil Supérieur de la Communication (CSC) a condamné, le 26 mars 2025, la chaîne de télévision BF1 à une amende de 500 000 FCFA (843 USD) pour avoir publié un reportage sur le congrès de l’Association des journalistes du Burkina Faso (AJB), qui s’est tenu le 21 mars dans les locaux de la Maison de la presse Norbert Zongo.  Selon le CSC, certains passages de l’émission de la chaîne ont été jugés « injurieux, diffamatoires et malveillants » à l’égard des autorités, de la Radio Télévision du Burkina (RTB) et de l’Agence d’Information du Burkina (AIB), l’organe de presse de l’Etat. Le régulateur des médias a également accusé BF1 de relayer des « informations erronées » basées sur des « allégations infondées ».

Suite à cette sanction et aux pressions qu’elle a entraînées, BF1 a présenté des excuses publiques le 26 mars à la RTB et à l’AIB, et a retiré le reportage en question de ses plates-formes. Dans un communiqué de presse, la direction de la chaîne de télévision a exprimé ses regrets pour avoir qualifié les médias publics de « propagandistes ».

Avant que la sanction ne soit imposée à BF1, le journaliste auteur du reportage, Luc Pagbeuma, avait été emmené le 24 mars 2025 par des agents du Conseil national de sécurité pour être interrogé. Le sort de Luc Pagbeuma reste inconnu car on ne sait pas où il se trouve à l’heure où nous publions ce rapport.

Le même jour, le président et le vice-président de l’Association des journalistes du Burkina Faso (AJB), Guezouma Sanogo et Boukary Ouoba, ont également été arrêtés suite aux déclarations qu’ils ont faites pendant le congrès concernant la mainmise du gouvernement sur l’information et l’utilisation des médias d’État au service de la propagande.

En plus des actes de répression susmentionnés, le ministère de l’Administration territoriale et de la Mobilité a dissous l’AJB le 25 mars, déclarant l’association « inexistante », citant la loi n° 064-2015/CNT du 20 octobre 2015 comme référence pour cette décision. Le ministère a également menacé de sanctions toute personne qui chercherait à relancer ou à défendre l’association.

Ces actes de répression et d’intimidation doivent cesser de toute urgence, car ils contraignent pratiquement les médias et les voix dissidentes à se plier à l’autocensure.

La MFWA exhorte le gouvernement burkinabé à mettre fin immédiatement aux attaques incessantes contre les médias et les voix dissidentes. L’organisation lance également un appel pressant à l’Union africaine pour qu’elle intervienne d’urgence dans la répression en cours au Burkina Faso afin de sauvegarder le droit des personnes à l’expression, à l’opinion, à l’association et à la participation à leur propre gouvernance.

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