Un militant politique qui avait été arrêté et traduit en justice pour avoir, selon certaines sources, taquiné le Premier Ministre guinéen et s’être opposé à la candidature du président Alpha Condé pour un troisième mandat dans un message sur Facebook, a été libéré provisoirement après avoir passé 19 jours en détention.
Arrêté le 14 février 2020, Yamoussa Lansana Sylla, membre du parti d’opposition Union des forces républicaines (UFR), a comparu devant le tribunal le 4 mars 2020 et a été libéré provisoirement, l’affaire étant ajournée au 11 mars.
Il a été accusé de diffamation et d’incitation à la violence après avoir répété une déclaration faite il y a quelques années par le Premier Ministre guinéen, Kassory Fofana, qui était alors dans l’opposition. Dans cette déclaration, M. Fofana avait décrit ceux qui votent pour le Président Condé comme des chiens qui aboient.
“Ceux qui votent pour Alpha Condé sont ….des chiens qui aboient”, a publié Sylla sur sa page Facebook, ajoutant : “Et aujourd’hui, il soutient l’agenda du troisième mandat. Le militant a ensuite publié sur Facebook et a invité les internautes à commenter ce message.
La police a arrêté et détenu Sylla pendant une semaine avant d’obtenir un mandat pour le garder en détention préventive. L’accusé a été contraint de supprimer plusieurs messages critiques et dissidents qu’il avait publiés sur Facebook.
Au cours de son procès, ses avocats ont fait valoir que leur client n’avait diffamé personne et qu’aucune victime n’avait porté plainte. Ils ont donc demandé au tribunal de libérer leur client.
“Ces publications ne sont dirigées contre personne. Comme nous le savons, dans les affaires de diffamation, les poursuites ne peuvent être engagées qu’à la demande de la victime. Mais ce n’est pas le cas. Il s’agit d’une action visant un citoyen qui s’oppose à l’agenda du 3ème mandat. Nous vous demandons donc d’ordonner la libération de Yamoussa Lansana Sylla à l’issue de l’audience”, a soutenu Pépé Antoine Lama.
Le tribunal a demandé à la police de libérer l’accusé en attendant le prononcé du jugement et a ajourné l’affaire au 11 mars.
Le MFWA condamne l’arrestation et les poursuites judiciaires en cours de Yamoussa Lansana Sylla pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression sur une question d’intérêt nationale brûlante sur les ambitions du Président Condé pour son troisième mandat. De plus, le Premier ministre, en tant que personnalité publique importante, est un sujet de critique légitime, y compris par la satire, de la part des citoyens, ce que Sylla a fait.
La MFWA estime également que la suppression forcée du post de Sylla sur Facebook est un acte de censure flagrante et une violation de ses droits numériques. Nous appelons donc les autorités à abandonner toutes les charges retenues contre lui et à cesser d’interférer dans son droit à la liberté d’expression en ligne.