La police nigériane de Lagos a arrêté quatre journalistes et 18 manifestants dans le cadre de la répression d’une foule qui protestait contre les récentes hausses des prix du carburant et de l’électricité le 10 septembre.
La manifestation organisée par le Parti socialiste du Nigeria (SPN) a reçu une réponse massive alors que des milliers de Nigérians sont venus exprimer leur colère face à la récente augmentation des tarifs du carburant et de l’électricité dans le pays. La foule a cependant été dispersée par des policiers lourdement armés, au milieu d’arrestations et d’agressions physiques.
Les journalistes arrêtés alors qu’ils couvraient les manifestations sont Ifeoluwa Adediran du Premium Times, Abiodun Ayeoba (Sahara Reporters), Daniel Tanimu (Galaxy TV) et Awoniyi Oluwatosin (Object TV)
Le leader national de la jeunesse du SPN, Hassan Soweto, a déclaré que des gadgets appartenant à certains journalistes ont été saisis.
“Nous venons d’être arrêtés aux côtés de plusieurs membres du Parti socialiste du Nigeria et de journalistes pour avoir protesté ce matin contre la hausse du prix du carburant, le tarif de l’électricité et la radiation du SPN. J’écris ce message à l’arrière d’un fourgon de police qui nous emmène dans la zone C, au Commandement de la police, à Lagos”, a annoncé Soweto, qui est le leader national de la jeunesse du SPN, dans un tweet.
Un militant, Towolawi Jamiu, a tweeté : “Le régime @MBuhari doit mettre fin à la répression contre les manifestants qui militent légitimement pour leurs droits. L’arrestation de plus de 20 membres du @SocialistPartyN qui manifestent pacifiquement aujourd’hui à Lagos par @PoliceNG est une violation des droits fondamentaux de l’homme. Nous demandons leur libération immédiate !”
Un autre Nigérian, @edoyakulo, a fait tweet : “Était-ce une manifestation violente ? Sinon, les agents de sécurité bénéficient-ils de tarifs spéciaux pour obtenir du carburant pour leur usage personnel ? Les protestations font partie intégrante de la démocratie”.
Ismail Omotayo a également écrit : “Les hommes de la police nigériane ont arrêté aujourd’hui (jeudi) des journalistes et des manifestants pacifiques qui protestaient contre la hausse du prix du carburant et du tarif de l’électricité à Lagos. Le personnel de sécurité au Nigéria se comporte toujours de manière lâche lorsque des personnes courageuses tentent de les aider à améliorer leur vie”.
Un groupe de pression, Coalition for Revolution, a décrit l’arrestation des journalistes comme “une autre expression de la nature dictatoriale du régime de Muhammadu Buhari”. Mais ce qu’il ne réalise pas, c’est que nous avons une riche histoire de dictateurs vicieux comme lui, qui finissent dans l’ignominie malgré toute la puissance qu’ils exercent à un moment donné pour réprimer et supprimer”, ont écrit les coprésidents du groupe, Gbenga Komolafe et Baba Aye, dans une déclaration.
La police a cependant défendu leur action, affirmant que les manifestants n’avaient pas obtenu l’autorisation de manifester.
Le porte-parole de la police de l’Etat de Lagos, Muyiwa Adejobi, a confirmé que les quatre journalistes ont été arrêtés puis relâchés. Il a déclaré que les 18 autres manifestants arrêtés ont été inculpés, avertis et libérés.
“Les manifestants ont été arrêtés par le personnel de police du commandement de la zone de Surulere. Les quatre journalistes ont été libérés, mais d’autres ont été emmenés à la base de la task force à Oshodi, et ils ont été inculpés en vertu de la section 168 (1D) du droit pénal de l’Etat de Lagos 2015. Ils ont été avertis par le tribunal et ont été libérés. Au moment où nous parlons, nous n’avons personne sous notre garde”.
La MFWA condamne l’usage excessif de la force par la police pour disperser la manifestation, qui est un moyen légitime d’exprimer la dissidence des citoyens. Bien que la manifestation n’ait pas été autorisée, la police avait le devoir de protéger les manifestants et les journalistes qui la couvraient. La MFWA se félicite de la libération de tous les manifestants qui ont été mis en accusation de manière frivole devant le tribunal par la police. Nous demandons instamment aux autorités policières de prendre des mesures pour que de tels actes d’agression ne soient pas répétés à l’avenir par les agents déployés pour contrôler les manifestations.