Les autorités de l’Etat Béninois ont interdit les activités des organisations estudiantines sur tous les quatre campus universitaires publics du pays.
La décision qui a été prise en conseil du ministre le 5 Octobre 2016, fait suite à des agitations violentes contre des nouvelles mesures administratives à l’Université d’Abomey-Calavi.
Le ministre d’Etat, Pascal Irénée Koupaki qui a annoncé la mesure le 6 Octobre, a dit que l’interdiction fait suite ‘’ aux enquêtes administratives sur les cas de violence et actes de vandalisme survenus sur le campus d’Abomey-Calavi’’, et de renchérir que ‘’les conditions d’exercice d’activités et/ou de reconnaissance des associations d’étudiants sont définies par décret pris en conseil des ministres.’’
L’interdiction a été condamnée par plusieurs média, partis politiques, les associations estudiantines, les organisations de la société civile et les organisations syndicales comme une violation de la liberté d’association qui ont, d’ailleurs, appelé à ce qu’elle soit levée.
Dans un communiqué de presse daté du 6 Octobre, la principale organisation syndicale du pays, la Confédération Syndicale des Travailleurs du Benin, CSTB a dit que l’interdiction est anticonstitutionnelle. Dans une déclaration signée par le Secrétaire Général, Paul Esse Iko, la CSTB a cité l’article 25 de la constitution nationale qui stipule que ‘’l’Etat reconnait et garantit, dans les conditions fixées par la loi, la liberté d’aller et venir, la liberté d’association, de réunion, de cortège et de manifestation’’, et conclu qu’ ‘’aucune loi, encore moins un décret, ne peut interdire une liberté constitutionnelle.’’
En réponse à la vague de critique à l’égard de l’interdiction, le Ministre de la Justice, le Professeur Joseph DJOGBENOU, a tenu une conférence de presse le 11 Octobre au cours de laquelle il a précisé que la décision ne vise pas à dissoudre les organisations estudiantines mais «porte interdiction d’activités» desdites organisations.
Ceci n’est pas la première fois que les étudiants de l’Université d’Abomey-Calavi protestent contre des mesures administratives impopulaires. En Novembre 2013, 17 étudiants ont été blessés suite à des affrontements avec la police lors d’une protestation contre de nouvelles mesures universitaires. Le journaliste qui essayait de filmer les affrontements fut aussi arrêté.
La MFWA appelle les autorités béninoises à revenir sur l’interdiction de protestations dans les universités publiques étant donné que cela porte atteinte au droit à la liberté d’association des étudiants. Nous exhortons aussi les étudiants à exercer leur droit de manière responsable.