L’édition du 2 au 8 mai (le numéro 2260) du journal Jeune Afrique L’Intelligent a été interdite de circulation. Le journal qui devrait paraître dans les kiosques à 6 H 00, le lundi 3 mars, n’avait pas été distribué par SOGUIDIP, la société guinéenne de messagerie des journaux. Le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD) a empêché la distribution du journal parce qu’il portait à la manchette « Guinée – François Lonceny Fall : Pourquoi je démissionne ».
Selon l’article signé Marwane Ben Yahmed, François Lonceny Fall, qui avait été nommé au poste de Premier Ministre il y avait à peine deux mois, le 23 février 2004, aurait « révélé » les raisons de sa démission. L’article a allégué que l’ont contrariait Lonceny Fall à la tête du gouvernement. Il aurait été également gêné par les tendances totalitaires du Président Conté. Le premier Ministre aurait rappelé une occasion où il avait essayé de persuader le Général Conté de la nécessité de certaines réformes économiques. Conté aurait riposté que, « Moi, je suis un Général. Vous, les ministres vous êtes mes caporaux. Je donne les ordres, vous exécutez. Je ne discute pas avec vous ».
Le 3 mai, la direction de SOGUIDIP a pris contact plusieurs fois avec le MATD, pour faire obtenir l’autorisation définitive de distribution de journaux. A chaque fois, les responsables au MATD ont demandé à SOGUIDIP d’attendre. Par conséquent, seuls ceux qui sont directement abonnés à Jeune Afrique L’Intelligent ont pu recevoir l’édition en question. Celle-ci était photocopiée et vendue clandestinement à Conakry. Il n’existe aucune loi précise qui exige de SOGUIDIP une autorisation du MATD avant de procéder à la distribution d’une publication. Cependant, il s’agit d’une pratique de longue date qui, avec le temps, a acquis force de loi.
La liberté de la presse et d’expression a été violée tout particulièrement en Guinée, depuis les élections fort contestées du 21 décembre qui ont vu reconduire, pour un troisième quinquennat, le Général Lansana Conté, arrivé au pouvoir pour la première fois par la voie d’un coup d’État en 1984.