ALERTE Côte d’Ivoire: Des sanctions constantes imposées par l’Instance de régulation contraignent un journal à suspendre ses publications

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La direction d’un journal privé, L’Intelligent d’Abidjan, a, le 10 août 2014,  annoncé une suspension de publication “jusqu’à nouvel ordre”.

Le journal a lancé un communiqué dans lequel il a affirmé que cette décision vise à protester contre les récentes sanctions “arbitraires” imposées contre lui  et son gérant par l’instance de régulation de la presse, le Conseil national de la presse (CNP). Le journal a également accusé le CNP de légèreté dans l’exercice de son mandat.

 ” La direction générale de L’Intelligent d’Abidjan informe ses lecteurs et partenaires, les professionnels du secteur ainsi que l’opinion publique nationale et internationale que le journal ne paraîtra pas jusqu’à nouvel ordre pour protester contre les sanctions infligées par l’organe de régulation dans le mépris total des textes en vigueur”, a noté ce communiqué lancé et signé d’Alafé Wakili, gérant et représentant légal de Socef-Ntic, la société éditrice du journal.

Le 25 juillet, le CNP a infligé une suspension de 12 parutions à L’Intelligent d’Abidjan en raison du refus de Wakili de répondre aux convocations du conseil en vue d’une instruction d’une affaire qui l’oppose à l’ancien directeur de publication du journal, Youssouf Touré.

Selon la direction du journal, cette décision de cessation de parution est le début d’une série d’actions et d’initiatives visant à obtenir réparation des plusieurs suspensions “injustes”.

Rien que cette année, environ douze organisations de média et journalistes ont fait l’objet d’amendes ou de suspensions.

Le 20 janvier, le CNP a imposé des amendes de FCFA 3 000 000 ($6 000), FCFA 1 000 000 ($2 000) et FCFA 500 000 ($1 000) respectivement aux journaux Notre VoieLe Jour Plus et Le Nouveau Courrier pour publication de fausses informations.

Il a été interdit à Moussa Traoré, Président de l’Union de la Presse, et à Alafé Wakili de rédiger des articles pour une période de six mois. Leurs cartes d’identité professionnelles ont également été retirées. De plus, le conseil a infligé une suspension de parution de 52 éditions au journal Le Quotidien d’Abidjan. N’Guessan Kouassi et Oula Saint Claver respectivement des journaux Le Jour Plus et Le Nouveau Courrier ont également été suspendus pour un mois, tandis que leurs cartes d’identité ont été retirées.

Le 10 février, le CNP a également imposé une suspension de trois mois au journal Le Monde d’Abidjan.

Toutefois, même avant que certains de ces journaux et journalistes ne puissent purger leur suspension ou à peine l’avoir purgée, le CNP a, le 14 avril, lancé une déclaration, où il a annoncé la suspension des journaux Aujourd’hui, Soir Info, Le Quotidien d’Abidjan (qui a été suspendu le 20 janvier pour deux mois), Le Temps et l’hebdomadaire Bôlkotch.

Après la condamnation de ces agissements par la MFWA et certains médias ivoiriens, le CNP a, le 18 avril, levé la suspension imposée à trois de ces journaux, à savoir Le Temps, Aujourd’hui et Le Quotidien d’Abidjan, ce qui laisse le journal Bôlkotch à purger la suspension tout entière.

La MFWA constate avec inquiétude le fait que les organisations de média et les journalistes du pays font constamment objet d’amendes. Bien que l’organisation soit sensible aux efforts déployés par le CNP en vue de renforcer les normes professionnelles des médias, les amendes, comme le montre la décision de L’Intelligent d’Abidjan, peuvent potentiellement intimider les médias. Par conséquent, nous faisons appel au Conseil de la Presse pour qu’il réexamine son approche en ce qui concerne le manque de professionnalisme de la part des médias et des journalistes du pays. Nous exhortons également les journalistes et les organisations de médias à faire preuve de professionnalisme.