ALERTE Liberia : Action en dommages et intérêts de 5 millions de dollars US contre un journal

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Le journal Chronicle a été traîné devant le Sixième tribunal de Monrovia, pour « atteinte à l’image de marque », suite à une plainte de Philip Keikpo, ancien gestionnaire des affaires du président Charles Taylor en exil. Le plaignant réclame 5 millions de dollars US à titre de dommages et intérêts.

La Une du journal Chronicle était titrée  : « Comment Charles Taylor avait détourné des millions ». Selon le journal, Philip Keikpo fut un proche collaborateur de l’ancien président Charles Taylor, et détiendrait des renseignements sur certains comptes en banque secrets de Charles Taylor à l’étranger. L’article allègue également que Keikpo était le trésorier de l’impitoyable Revolutionary United Front (RUF), groupe rebelle en Sierra Leone. Keikpo a démenti ces allégations. Le Chronicle appartient à Philibert Browne, qui fut vice ministre de la défense pour les affaires publiques dans le gouvernement de  Charles Taylor.

L’action contre le journal Chronicle est la deuxième poursuite engagée contre les journaux au Liberia, en l’espace d’une  semaine. Le 1er janvier 2004, le tribunal d’instance de Monrovia, présidé par le juge Joseph Fayiah, avait ordonné l’arrestation et la détention de Adolphus Karnuah, Directeur de publication, Philip Moore, rédacteur, et Robert Kpardeh, reporter à l’hebdomadaire The Telegraph, sous le chef d’accusation de « malveillance criminelle ». Le journal avait été traduit en justice par Lorsey Kendor, Ministre délégué chargé de la Sécurité nationale, selon qui l’information publiée dans l’édition du mercredi 21 janvier 2004 était fausse. L’article qui a cité Philip Massaquoi, Assistant spécial du Ministre Délégué, a accusé Lorsey de détournement de deniers publics de l’ordre de 15.000 dollars US.

La MFWA est préoccupée par la persistance des réclamations de dommages et intérêts faramineux et autres formes d’attaques contre les médias du Liberia, déjà affaiblis. Les 14 ans de dictature de M. Taylor ont définitivement détruit les infrastructures sociales, économiques et institutionnelles du pays et des  médias. Il conviendrait de déployer tous les efforts vers la réhabilitation et le renforcement des capacités des medias, afin qu’ils puissent jouer leur rôle de chien de garde, en cette période importante de transition. Nous exhortons les membres du gouvernement du Président par intérim Gyude Bryant, le pouvoir judiciaire, et tous les responsables publics à encourager une plus grande tolérance et un plus grand soutien aux médias ; et de s’abstenir de tous actes de nature à saper la croissance d’une presse libre et dynamique au Liberia.