La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) condamne fermement l’arrestation d’Alfouseyni Togo, rédacteur en chef du quotidien Canard de la Venise. Togo a été placé sous mandat de dépôt le 9 avril 2025 par le dépôt par le pôle de lutte contre la cybercriminalité.
Le journaliste est accusé d’« atteinte au crédit de l’Etat », d’« injures par le biais d’un système informatique » et de « diffamation ». Son procès est prévu pour le 12 juin 2025.
Les accusations portées contre lui font suite à la publication de son article paru dans le numéro 136 de son journal, le Canard de la Venise, publié le 8 avril 2025 sous le titre : « La Justice malienne ou le mal du siècle : la bourde du ministre Mamoudou Kassogué ».
L’article est basé sur les chiffres cités par le ministre de la Justice, Mamoudou Kassogué, concernant les résultats d’une étude sur l’indice de confiance des citoyens en l’appareil judiciaire malien. La présentation du ministre faisait suite à une étude menée par la Fondation Friedrich Ebert. Le ministre a indiqué que la confiance du public avait augmenté de manière significative, passant de 30 % à 72 % en 2024.
Dans son article, Alfouseyni Togo a contesté l’exactitude des chiffres, soulignant notamment que l’enquête était basée sur un échantillon insuffisant (2 055 personnes) pour une population estimée à 23 millions d’habitants.
Le journaliste rapporte également dans son article que le système judiciaire malien est gangrené par la corruption et manipulé à des fins politiques. Il fonde ses commentaires sur certaines déclarations de l’ancien procureur général de la cour d’appel de Bamako, feu Daniel Amagouin Téssougué. Dans ses déclarations, Téssougué avait dénoncé l’emprise de l’exécutif sur le judiciaire et les complicités internes au sein du pouvoir judiciaire.
Suite à l’arrestation de Togo et à l’inquiétude qu’elle a suscitée dans les milieux des médias et de la liberté de la presse au Mali, une réunion des professionnels des médias s’est tenue à la Maison de la Presse, où les journalistes ont exprimé leur indignation et demandé la libération du journaliste. Le président de la Maison de la Presse, Bandiougou Dante, a opté pour le dialogue avec la justice afin d’obtenir la libération du Togo avant son procès prévu le 12 juin.
La presse, même lorsqu’elle est critique, reste un pilier essentiel du bon fonctionnement de l’Etat. Elle permet de questionner, d’évaluer et d’améliorer l’action publique afin de garantir la redevabilité et la transparence. Supprimer la voix des journalistes sous prétexte de nuire à la réputation de l’Etat est régressif et nuisible au progrès d’une société ou d’un Etat.
La Fondation pour les Médias en Afrique de l’Ouest se joint à la Maison de la Presse du Mali pour appeler au dialogue afin de résoudre ce problème. L’organisation demande également la libération inconditionnelle du journaliste Alfouseyni Togo