Burkina Faso: Journalistes et leaders de société civils enlevés après dénonciation de violences miliciennes

Le Burkina Faso traverse une période d’oppression préoccupante, marquée par des attaques ciblées contre les journalistes et militants des droits humains.

Le samedi 22 mars 2025, quatre membres du mouvement Sens (Servir et Non se Servir) ont été enlevés après la publication d’un communiqué dénonçant les attaques meurtrières massives perpétrées contre les populations à Solenzo, le 11 mars 2025. Quelques jours plus tôt, le 18 mars 2025, Idrissa Barry, journaliste et militant du mouvement Sens, ont également été arbitrairement arrêtés.

Cette vague d’arrestation arbitraire s’est intensifiée le lundi 24 mars 2025 avec l’interpellation de Guezouma Sanogo, président de l’Association des Journalistes du Burkina (AJB), et de Boukari Ouoba, vice-président de l’AJB. Selon l’association, ces individus, qui se sont présentés comme des policiers du service des renseignements, ont appréhendé les deux hommes au Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ). Ils ont ensuite été conduits vers une destination inconnue, comme l’indique une note publiée sur la page Facebook du Centre Natinal de Presse Norbert Zongo (CNP-NZ).

À ce jour, les motivations derrière ces enlèvements demeurent inconnues. Ces actes interviennent dans un contexte où, le 21 mars 2025, une assemblée générale de l’AJB s’est tenue à Ouagadougou. Lors de cet événement, le bureau de l’association a été renouvelé, avec Guezouma Sanogo reconduit à sa présidence. Ce congrès, placé sous le thème « Face à la détérioration continue des conditions de vie et de travail des journalistes dans le contexte national actuel marqué par la crise sécuritaire, renforçons l’AJB pour un journalisme professionnel au service de l’intérêt général », a rassemblé des professionnels des médias du secteur public et privé. Plusieurs résolutions y ont été adoptées, notamment , un appel à la libération des journalistes et chroniqueurs détenus, Un appel à la mobilisation et à la solidarité et une motion condamnant les violations et atteintes à la liberté d’expression et de presse.

Cette motion dénonce les violations des libertés fondamentales et du droit à l’information, réitère le soutien aux médias sanctionnés de manière injuste, ainsi qu’aux confrères enlevés ou détenus arbitrairement. Elle appelle également les autorités à garantir la liberté d’opinion et à renforcer la protection des journalistes dans l’exercice de leur métier.

L’arrestation arbitraire de Idrissa Barry et des quatres autres membres du Mouvement SENS, ainsi que ceux de Guezouma Sanogo and Boukari Ouoba porte le nombre total de journalistes ou de professionnels des médias arrêtés a sept (7), depuis juin 2024 avec l’enlèvement de Serge Atiana Oulon, rédacteur du journal d’investigation, L’Événement, et qui avait été arrêté dans des circonstances similaires, et emmené vers une destination inconnue.

La Fondation des Média pour l’afrique de l’Ouest (MFWA) est extrêmement préoccupée par les arrestations de ces journalistes et acteurs des médias et exhorte les autorités burkinabè à prendre, en urgence, toutes les mesures nécessaires pour leur libération, ainsi qu’à mettre fin à ces actes de harcèlement, d’intimidation et d’arrestations arbitraires.

La MFWA appelle également l’Union africaine à engager un dialogue avec les autorités burkinabè au sujet de ces actes de répression et d’intimidation afin de garantir la sécurité des citoyens, des médias et des autres défenseurs des droits humains.

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