Le Conseil d’administration de MFWA déplore le manque de progrès dans le passage au numérique

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Edetaen Ojo, Conseil d’administration de MFWA

Le conseil d’administration de la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) a exprimé de profondes inquiétudes sur le manque apparent de progrès dans le processus de passage au numérique en Afrique de l’Ouest, compte tenu de la date limite du Juin 17 2015 à laquelle tous les pays du monde doivent passer de l’analogue à la radiodiffusion numérique.

Le Conseil d’administration a souligné que, compte tenu de l’omniprésence de la télévision comme source d’information pour une grande proportion de la population en Afrique de l’Ouest et la prévalence de téléviseurs analogiques dans la région, l’incapacité évidente de pays à respecter le délai convenu a des implications potentiellement graves pour l’accès à l’information et la liberté d’expression dans la région.

Les préoccupations du Conseil d’administration de la MFWA sont contenues dans une résolution en 11 points adoptée à l’issue de deux jours de réunion les 28 et 29 mai 2015 à Porto-Novo au Bénin.

“Le Conseil d’administration exprime également sa profonde préoccupation quant au faible niveau de sensibilisation du public sur le processus de passage au numérique et invite les médias et les organisations de la société civile en Afrique de l’Ouest à soutenir les efforts de sensibilisation du public en vue de préparer les citoyens de leurs pays respectifs au passage au numérique”, peut-on lire dans la Résolution.

La résolution a exhorté les gouvernements des pays d’Afrique de l’Ouest à privilégier la sécurité des journalistes conformément à la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité, et la récente résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur la sécurité des journalistes.

La résolution du Conseil de sécurité (Résolution 2222) adoptée le 27 mai 2015, invite tous les États membres de l’ONU à créer et maintenir, en droit et en pratique, un environnement sûr et favorable aux journalistes, aux professionnels des médias et a tous les acteurs du secteur afin d’effectuer leur travail de façon indépendante, sans ingérence indue.

La résolution du Conseil d’administration aborde également d’autres questions cruciales relatives à la liberté d’expression et la liberté de la presse en Afrique de l’Ouest y compris les préoccupations liées à la baisse des normes professionnelles dans le secteur des médias de la région; la nécessité pour les Etats de dépénaliser la diffamation; et la nécessité pour les gouvernements et les organismes régionaux d’Afrique de l’Ouest de faire d’importants investissements dans le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) et de travailler en collaboration afin de promouvoir les droits et libertés des utilisateurs d’internet.

La résolution complète ci-dessous peut également être consultée ici.

Resolution

Du conseil d’Administration de la Fondation pour Médias en Afrique de l’Ouest (MFWA) lors de sa réunion tenue à Porto Novo au Bénin, les 28 et 29 mai 2015.

Les 28 et 29 mai 2015, le conseil d’Administration de la Fondation pour les Médias en Afrique de l’Ouest (MFWA) s’est réuni à Porto Novo au Bénin, pour discuter et examiner un certain nombre de questions stratégiques liées aux opérations de l’organisation ainsi que des questions plus générales telle que la liberté d’expression en Afrique de l’Ouest.

La réunion a été présidée par M. Edetaen Ojo, Président du conseil d’administration, qui est également le directeur exécutif de Media Rights Agenda, une organisation basée au Nigéria. À la fin de ces deux jours de réunion, le Conseil a adopté à l’unanimité et a émis la présente résolution:

  • Le Conseil d’administration note avec une profonde préoccupation le manque apparent de progrès dans le processus de passage au numérique en Afrique de l’Ouest, compte tenu de la date limite du 17 Juin 2015 à laquelle tous les pays du monde doivent passer de l’analogue à la radiodiffusion numérique
  • compte tenu de l’omniprésence de la télévision comme source d’information pour une grande proportion de la population en Afrique de l’Ouest et de la prévalence de téléviseurs analogiques dans la région, l’incapacité évidente de pays à respecter le délai convenu a des implications potentiellement graves pour l’accès à l’information et la liberté d’expression dans la région.
  • Consciente du fait que le processus de migration vers le numérique nécessite des réformes politiques, juridiques et réglementaires, le Conseil réitère son appel aux gouvernements d’adopter une approche consultative et inclusive dans toutes les politiques, et dans les procédures juridiques et réglementaires liées à la réforme de la migration numérique proposée de sorte à ce que toutes les principales parties prenantes puissent être efficacement engagés dans le processus.
  • Le Conseil d’administration exprime également sa profonde préoccupation quant au faible niveau de sensibilisation du public sur le processus de passage au numérique et invite les médias et les organisations de la société civile en Afrique de l’Ouest à soutenir les efforts de sensibilisation du public afin de préparer les citoyens de leurs pays respectifs pour la migration vers le numérique. Le Conseil administration exhorte également les gouvernements à protéger le droit des citoyens à la liberté d’expression et l’accès à l’information dans le processus de migration vers le numérique, en les informant de façon adéquate sur l’impact potentiel, l’incidence sur les coûts et le délai de ce passage au numérique.
  • Le Conseil d’administration note que les attaques et l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes restent les principaux obstacles à la liberté de la presse, à la liberté d’expression, à l’accès à l’information ainsi qu’à  la capacité des médias à contribuer efficacement au développement. Le Conseil se félicite donc de l’adoption unanime de la résolution 2222 par le Conseil de sécurité de l’ONU, laquelle exhorte les États membres de l’ONU à créer et maintenir, en droit et en pratique, un environnement sûr et favorable aux journalistes, aux professionnels des médias et tous acteurs du secteur pour assurer leur travail de façon indépendante et sans ingérence indue. Le Conseil invite également les gouvernements et toutes les autres parties prenantes à continuer de privilégier la protection des journalistes et la lutte contre l’impunité des crimes commis contre les journalistes.
  • Dans l’esprit de la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité, et la récente résolution du Conseil de sécurité mentionné ci-dessus, le Conseil d’administration réitère son appel aux dirigeants de la CEDEAO et aux organes compétents de l’organisation régionale pour assurer le respect et l’application des décisions de la Cour régionale de justice afin de décourager tout acte de d’impunité dans la région.
  • Le Conseil d’administration invite également les gouvernements des pays d’Afrique de l’Ouest à prendre des mesures dans les plus brefs délais pour dépénaliser la diffamation afin de promouvoir la liberté des medias et leur liberté d’expression, telle qu’énoncé dans le Protocole additionnel de la CEDEAO sur la bonne gouvernance et la démocratie ainsi que dans le Cadre de prévention des conflits de la CEDEAO.
  • Reconnaissant l’importance d’un environnement juridique non-restrictif pour la liberté de la presse et le développement des medias, le Conseil d’administration a chaleureusement félicité le gouvernement et le Parlement de la république du Benin pour avoir récemment passé une loi sur les media qui dépénalise, garantit l’accès à l’information aux journalistes, régularise la publicité dans les médias ainsi que d’autres dispositions progressistes qui favorisent la liberté de la presse.
  • Le Conseil se déclare également préoccupé par la baisse des normes professionnelles dans le secteur des médias En Afrique de l’Ouest. Il appelle donc les propriétaires de médias, les directeurs, rédacteurs en chef et les journalistes de la région à accorder une attention particulière à la question en prenant des mesures en vue relever les normes professionnelles. Étant donné le rôle important des médias dans la gouvernance et le processus démocratique en Afrique de l’Ouest, le Conseil demande exhorte les médias de la région à continuer à jouer un rôle essentiel dans la promotion d’élections paisibles, surtout lors des prochaines élections au Burkina Faso, en Guinée et en Côte d’Ivoire, qui sont tous des pays en transition.
  • Le Conseil reconnaît et souligne l’importance de la pénétration de l’internet, l’accessibilité et l’accès à internet, pour la promotion d’une gouvernance responsable et transparente et l’accès à l’information, et pour l’objectif suprême de développer de l’Afrique de l’Ouest. Il invite donc les gouvernements des pays d’Afrique de l’Ouest et les organismes régionaux à entériner la Déclaration africaine sur les droits et libertés des utilisateurs d’Internet. Le Conseil d’administration invite également les gouvernements d’Afrique de l’Ouest et les organismes régionaux à faire d’importants investissements dans les TIC et à travailler en collaboration afin de promouvoir les droits et libertés des utilisateurs d’internet dans la région.
  • Le Conseil d’administration est prêt à travailler avec les partenaires et tout autre partie prenante de la région et au-delà afin d’organiser une conférence régionale sur la liberté d’expression en Afrique lusophone pour relever les défis particuliers auxquels sont confrontés les médias dans les pays lusophones du continent. La Conférence est prévue avoir lieu à Praia, Cap-Vert, plus tard en 2015.

Adoptée à Porto Novo, au Bénin, ce vendredi, le 29e jour de mai 2015