Après l’avoir détenu pendant quatorze jours, les autorités militaires nigérianes ont libéré jeudi, le 28 mars 2024, Segun Olatunji, rédacteur en chef de FirstNews, une plateforme d’information en ligne basée à Lagos, dans le sud-ouest du Nigeria.
Arraché à son domicile d’Iyana Odo, dans le quartier d’Abule Egba à Lagos, par des hommes armés en tenue militaire le 15 mars, Olatunji a été conduit à Abuja, les yeux bandés, à bord d’un avion de l’armée.
La direction de son média a lié cette arrestation à une série de reportages publiés par FirstNews.
Intitulé « Revealed: Defence Chief running office like family business – Public Interest Lawyers », le premier article révèle des allégations sur la responsabilité du chef d’état-major qui dirigerait son bureau comme une entreprise familiale. Le second article, intitulé « EXCLUSIF: How contractor company stole N100bn, laundered funds for top govt officials – Investigation », et retiré par le journal plus tard, évoque une affaire supposée de malversation financière et de blanchiment d’argent impliquant des politiciens et des fonctionnaires de haut rang.
Interrogés par trois associations de journalistes au Nigeria, le chef d’état-major des armées, Christopher Musa, un général, et le chef des services de renseignement, Emmanuel Undiandeye, un général de division, ont affirmé que le journaliste n’était pas en leur possession.
Mais après de nombreuses pressions exercées par des groupes tels que la Nigerian Guild of Editors (NGE) et la Nigerian Union of Journalists (NUJ), Olatunji a été libéré jeudi à Abuja.
L’expérience d’Olatunji s’ajoute aux dizaines d’atteintes à la presse dont le Nigeria est témoin chaque année.
Au sujet de cette expérience amère, il a déclaré : « Ma vie n’est pas en sécurité parce qu’ils (les militaires) connaissent ma maison. Ils me traquaient depuis trois semaines avant de procéder à l’arrestation ».
« Ma vie n’est plus en sécurité étant donné la façon dont les soldats m’ont traqué de mon village jusqu’à Lagos avant mon enlèvement. J’étais avec mon fils de sept ans lorsque l’armée a fait irruption dans la maison et m’a embarquée dans son véhicule », a-t-il expliqué.
La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) condamne la méthode utilisée pour arrêter Olatunji et le garder au secret pendant deux semaines, car elle constitue une violation de ses droits fondamentaux.