Des soldats togolais ont arrêté Edouard Kamboissoa Samboé, un journaliste spécialisé dans le reportage sur les crises humanitaires et sécuritaires, et l’ont détenu pendant trois jours.
Samboé, propriétaire et fondateur du journal en ligne Laabali, a été arrêté alors qu’il faisait un reportage sur une présumée attaque djihadiste dans le village de Waldjouaque, au nord du Togo (à 600 km de la capitale Lomé), au cours de laquelle six civils ont été assassinés. Il a été transféré au bureau local de la gendarmerie de Dapaong, également situé dans le nord du Togo.
Les soldats ont interrogé le journaliste sur son travail pendant des heures, lui demandant s’il avait déjà interviewé des djihadistes ou travaillé pour des médias français.
Les officiers ont saisi ses téléphones son ordinateur et l’ont contraint à révéler le mot de passe d’un de ses téléphones et de son compte Telegram. Ils ont par la suite procédé à la suppression de tous les enregistrements que le journaliste avait faits.
Samboé a été détenu du 30 avril 2023 au 2 mai 2023 avant d’être libéré après avoir signé un accord dans lequel il s’engageait à ne pas retourner dans ladite région sans l’autorisation des autorités. Il a pu récupérer ses gadgets le lendemain. Toutefois, le journaliste craint que ses appareils ne soient plus utilisables en toute sécurité.
Lors d’un entretien avec la Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA), M. Samboé a déclaré qu’en dépit de cette expérience traumatisante, il continuerait à faire des reportages dans la région. Sa passion pour le journalisme d’excellence, la redevabilité, la bonne gouvernance et l’idée d’une meilleure société sont ses sources de motivation.
La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) condamne fermement l’arrestation et la détention arbitraires d’Edouard Kamboissoa Samboé, et appelle les autorités togolaises à s’assurer que les journalistes disposent de la liberté et de la protection nécessaires pour effectuer des reportages dans les zones en conflit. Le fait que des journalistes soient menacés ou violemment éloignés des sources d’information sans aucun prétexte constituent une violation de la liberté de la presse et du droit du public à l’information. Nous demandons qu’une enquête soit menée sur cet incident et que des mesures soient prises pour prévenir de futurs abus contre les journalistes qui couvrent les activités des groupes extrémistes dans le nord du Togo.