Guinée : Des journalistes agressés par des militaires et des voyous

La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) condamne fermement l’agression des journalistes de TV5 Monde, BT médias et de Guineenews.org, et demande aux autorités de traduire en justice les auteurs de ces violations.

L’état de la sécurité des journalistes en Guinée n’a pas connu d’amélioration impressionnante au cours de ces trois dernières décennies. Bien que les cas d’atteinte aux droits de la presse soient moins nombreux en 2023 qu’en 2022, l’impunité totale dans laquelle ces violations surviennent, n’est quant à elle, ne fait qu’empirer.

Récemment, le 16 février 2023, à Koloma, une banlieue de la capitale Conakry, Abdourahmane Bah, correspondant et journaliste reporter d’images de la chaîne de télévision TV5 Monde en Guinée a été pris à partie par des militaires lourdement armés, qui ont également retiré la carte mémoire de sa caméra alors qu’il assurait la couverture médiatique d’une manifestation du Front National Pour la Défense de la Constitution (FNDC), un groupe de pression politique.

« Ils étaient tous armés. Ils avaient des kalachnikovs en main. Ils ont commencé à injurier les journalistes avec des injures grossières. Ils ont retiré la carte mémoire qui était dans ma caméra sur laquelle sont stockées les images. Pourtant, on ne les a pas filmés. Il y a un confrère, ils ont même pointé l’arme sur lui. On était vraiment apeurés », nous a expliqué Abdourahmane Bah.

Le même jour, dans le quartier Bambeto, les journalistes Souleymane Bah de BT médias, Siradio Kaalan et Thierno Souleymane Diallo du site d’information Guineenews.org ont été attaqués par de jeunes manifestants très violents. Ceux-ci s’apprêtaient à les lyncher. Ils doivent leur salut à certains jeunes du même groupe qui se sont interposés et ont permis aux journalistes de fuir.

Ces journalistes ont eu maille à partir avec les agents des forces de maintien d’ordre et les voyous, car ils assuraient la couverture médiatique de l’appel à manifester du Front National Pour la Défense de la Constitution (FNDC) pour réclamer la libération de certains « prisonniers politiques ». L’appel à manifester du FNDC, qui a été dissous en aout 2022 par le gouvernement de transition, a été accompagné par un fort déploiement des agents de la police anti-émeute, des brigades anti criminalité de la gendarmerie nationale et aussi des militaires du BATA (Bataillon Autonome des Troupes Aéroportées), spécialement mis à disposition pour prêter main forte à la police et à la gendarmerie sous requête de Mory Condé, Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation.

La répression violente des manifestations par la police ont été perpétrées sur la base d’une interdiction formelle des manifestations dans les espaces publics communiquée par la junte le 13 mai 2022.

La MFWA est profondément attristée par la suppression et la répression violente de la liberté de réunion et d’expression par le biais de manifestations. Nous exhortons le gouvernement de transition à mettre tout en œuvre pour que les auteurs d’abus contre les citoyens soient tenus responsables pour leurs crimes.

Nous invitons le gouvernement de transition, les organisations de la société civile et tous les acteurs clés doivent privilégier le dialogue constructif et pacifique.

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