La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA), condamne la prise d’assaut du siège du journal Peoples Gazette et demande aux autorités nigérianes de mettre fin au harcèlement de l’organe de presse.
Le 10 janvier 2022 à Abuja, quatre membres de la National Intelligence Agency – NIA (Agence Nationale de Renseignement) ont pris d’assaut le siège de Peoples Gazette dans une Toyota Pick-up blanche. Ils ont menacé les agents de sécurité à l’entrée et sont entrés de force dans les bureaux de l’organe de presse à la recherche des sources d’un dossier confidentiel qui était à la base d’un rapport publié par les médias en ligne.
Les membres de la NIA ont exigé de voir le rédacteur en chef Samuel Ogundipe et Hillary Essien l’auteur supposé de la série de reportages publiée en décembre 2021. Segmentée en trois parties, la série de reportages a révélé que le président Muhammadu Buhari avait reçu un mémo des chefs du service des renseignements extérieurs lui demandant de licencier Rufai Abubakar, le directeur général du service de renseignement sous prétexte qu’il manquait de « rigueur intellectuelle et physiologique pour le poste ».
Les agents de la NIA avaient apporté une lettre rogatoire qui exigeait que la Gazette dévoile l’identité des personnes à l’origine du mémo. La lettre décrivait que le mémo était plein de “faussetés” et que « le pire, c’est que les membres de Peoples Gazette n’ont pas jugé nécessaire de vérifier les allégations d’une telle lettre avec l’autre partir impliquée avant de la publier.”
L’invasion des locaux de Peoples Gazette a été largement décriée au Nigeria. Chidi Odinkalu, un expert en droit constitutionnel et ancien président de la commission nationale des droits de l’homme a déclaré que l’acte posé par la NIA est en violation de la constitution Nigériane.
Il a insisté en disant que “La NIA a agit illégalement”.
L’invasion des locaux du journal Peoples Gazette est le deuxième acte de violation flagrante de la liberté de la presse contre le site d’information en ligne en l’espace d’un an.
Le 26 janvier 2021, le site a été bloqué sur les quatre principaux fournisseurs d’Internet mobile au Nigeria, à savoir MTN, Glo, Airtel et 9mobile, à partir de 19 heures (GMT+1), sur ordre prétendu des autorités nigérianes. Le site d’information en ligne a été bloqué après avoir publié que Bolaji Gambari, le fils du chef de cabinet du président, remplissait des fonctions officielles destinées à son père âgé. La censure du site a obligé sa direction à créer un site miroir, GazetteNGR.com.
La MFWA condamne fermement la tentative de la NIA d’intimider et de menacer le journal Peoples Gazette. Un tel acte constitue une violation de la section 39 de la Constitution nigériane qui garantit la liberté de la presse. Nous demandons aux autorités de mettre fin aux actes de harcèlement à l’encontre de Peoples Gazette et de permettre au journal de fonctionner sans aucune crainte ou menace de la part d’acteurs quelconques.