Deux Journalistes Etrangers Tués par un Groupe Terroriste au Burkina Faso

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David Beriain

La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest est consternée par l’assassinat de deux journalistes étrangers au Burkina Faso par des terroristes et dénonce cette attentat lâche.

Nous appelons par ailleurs les autorités burkinabè à enquêter sur cet incident triste pour en situer les responsabilités.

Le 26 avril 2021, une attaque d’hommes armés non encore identifiés a visé un convoi constitué d’éléments des Forces armées nationales et d’expatriés. L’équipe mixte anti-braconnage est tombée sur une position tenue par des groupes armés non étatiques qui ont ouvert le feu sur le convoi. Le journaliste de télévision David Beriain et le cameraman Roberto Fraile, tous les deux de nationalité espagnole, qui voulaient tourner un documentaire sur la protection des parcs naturels contre les braconnages, ont trouvé la mort, à côté d’autre personnes donc un irlandais et au moins un militaire burkinabé.

A la date du 28 avril 2021, un Burkinabè membre des FDS est toujours porté disparu. Et au total, six blessés ont été enregistrés.

Selon des sources diplomatiques, un quatrième expatrié (un humanitaire suisse) a pu s’échapper des griffes de ses ravisseurs. Il serait présentement à Ouagadougou. Les dépouilles des trois étrangers sont également arrivées dans la Capitale burkinabè.

Le ministre en charge de la communication, Ousséni Tamboura, a confié que l’attaque de l’équipe a eu lieu à la hauteur de Pama où « les éléments du convoi s’étaient rendus à bord d’un véhicule et sur des motocyclettes ». Le Porte-parole du gouvernement burkinabè a saisi l’occasion pour appeler les partenaires et amis du Burkina Faso « à se conformer aux consignes de sécurité édictées par les Forces de défense et de sécurité lors de leur séjour ».

En fait le Burkina Faso, tout comme les autres pays du sahel de l’Afrique occidentale – le Mali, le Niger, et le nord du Nigeria- connaissent un regain des actes terroristes ces derniers jours.

« Cette attaque meurtrière suscite une fois encore des préoccupations quant à la sécurité des journalistes travaillant dans les zones en proie aux activités terroristes dans le sahel. Cet incident doit galvaniser la volonté du gouvernement burkinabé et des organisations des droits de l’homme, y compris la liberté de la presse, d’agir en collaboration pour anéantir les forces du mal qui sont les rebelles », disait Muheeb Saeed, responsable du programme liberté d’expression à la MFWA.

L’assassinat des deux journalistes ravive les mémoires douloureux de celui des journalistes français Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Les deux ont été tués le 2 novembre 2013 non loin de Kidal au nord-est du Mali après avoir été enlevée par des assaillants non identifiés.

Le dernier incident a soulevé diverses réactions au sein du public burkinabé. Selon le Commissaire de police, expert en gouvernance et sécurité, Rachid Palenfo, cet incident n’est que le résultat d’un problème d’analyse, de partage d’informations et de coordination des opérations.

« Les gens qui ont commandité la mission n’ont pas suffisamment évalué les risques dans la zone. Les consignes des Hommes armés non identifiés (HANI) sont claires, en ce qui concerne les expatriés. Pourquoi persister alors que la zone n’est pas encore stable ? », se demande le Commissaire Rachid Palenfo.

Et à un journaliste burkinabé qui veut garder l’anonymat d’ajouter : « La rapidité avec laquelle les journalistes enlevés dans l’Est ont été exécutés, laisse cependant perplexe. Ont-ils été tués, vite, parce qu’en plus d’être journalistes, les deux Espagnols, selon certaines sources sont des anciens militaires et que leur confrère irlandais était passé par une école d’officiers ? En tout cas, ce convoi était loin d’être celui classique de civils, car les hommes de médias accompagnaient une patrouille anti-braconnage, composée de militaires et de gardes forestiers ».

De son côtél’Association des journalistes du Burkina (AJB) s’est dite consternée par l’assassinat de journalistes par des groupes terroristes au Burkina Faso. L’AJB se joint à la Fédération internationale des journalistes (FIJ) pour exhorter les autorités à ouvrir une enquête en vue d’élucider les circonstances de ces meurtres, de rechercher et de traduire les auteurs devant les juridictions compétentes.

La MFWA est également horrifiée par cette attaque qui a couté la vie à des journalistes qui ne faisaient que leur travail de rechercher l’information à l’intention de leur audience. Nous condamnons avec la dernière énergie cette violation fragrante de la liberté de la presse et appelons le gouvernement burkinabé à mener une enquête rigoureuse sur l’incident afin de situer les responsabilités.