Journaliste António Aly Silva enlevé et Brutalisé

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António Aly Silva, journaliste indépendant et rédacteur du blog Ditadura do Consenso, a été enlevé, battu et abandonné sur l’une des artères de Bissau par des inconnus.

Silva reçoit actuellement des soins médicaux au bureau de l’ONU dans la capitale guinéenne.

António Aly Silva critique souvent et ouvertement le président Úmaro Sissoco Embaló et son régime.

Ancien correspondant de plusieurs journaux étrangers, il est actuellement journaliste indépendant et rédacteur du Ditadura do Consenso, un blog consacré à l’actualité de la Guinée-Bissau. Il est perçu comme un proche de l’ancien Premier ministre Domingos Simões Pereira et président du parti d’opposition (PAIGC).

La Ligue Guinéenne des Droits de l’Homme (LGDH) s’est indignée de cet acte en faisant part de sa grande inquiétude concernant l’information selon laquelle le journaliste et rédacteur en chef du blog Ditadura do Consenso, António Aly Silva serait enlevé, brutalisé et abandonné dans une des rues de Bissau.

« La Guinée-Bissau est un État de droit démocratique dont la liberté d’expression et d’information est la clé de voûte. De ce fait, tout délit résultant de l’exercice de ce droit fondamental doit être poursuivi en vertu des lois en vigueur dans le pays », écrit la Ligue qui « condamne fermement cet acte criminel et exige des autorités nationales l’ouverture d’une enquête d’urgence afin d’identifier et de traduire en justice les auteurs de cet acte odieux.»

De son côté, le syndicat des Journalistes et Techniciens de communications de Guinée-Bissau (SINJOTECS) condamne fermement l’acte qu’il qualifie de « terrorisme perpétré contre des journalistes par des individus hostiles à la liberté d’expression et de presse. »

Selon le SINJOTECS, les auteurs utiliseraient des ressources présumées de l’État pour tenter de museler un citoyen épris de liberté.

Tout en exprimant sa solidarité au journaliste, le syndicat a exigé que le gouvernement de Guinée-Bissau réponde à cet acte terroriste par le devoir.

La Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) est également préoccupée de l’agression du journaliste Antonio Aly Silva ainsi que d’autres violations récentes de liberté de la presse et de l’expression en Guinée Bissau.

En août 2020, un blogueur critique, Danilson Ferreira, a été arrêté, passé à tabac avant d’etre jeté dans les cellules de la police judiciaire pendant une semaine. À sa libération, Ferreira s’était exilé au Portugal.

Dans la nuit du 6 octobre 2020, un groupe d’hommes armés non identifiés a arrêté Kéba Sané et Carlos Sambou, deux blogueurs très critiques envers le régime de Sissoco. Les blogueurs ont par la suite rapporté que leurs ravisseurs étaient dirigés par Tcherno Bari, le chef de la sécurité du président Umaro Sissoco, et qu’ils avaient été soumis à de violences physiques dans les locaux du palais présidentiel. Le gouvernement a nié les allégations et a promis une quête sur le supposé enlèvement.

Compte tenu de ces violations, la MFWA exhorte les autorités bissau guinéennes à prendre des mesures idoines pour assurer la protection des journalistes, la liberté des médias, le respect du droit à la liberté d’expression dans le pays.