La Ministre guinéenne de l’Enseignement technique, Madame Zenab Drame, a traduit en justice trois journaliste pour diffamation. Il s’agit de Youssouf Boundou Sylla, le coordinateur général du site d’information Guineenews, Ibrahima Sory Traoré, le Fondateur du site Guinee 7 et Moussa Moise Sylla, le directeur du site « l’Inquisiteur.net » sont sommés, par le Tribunal de Première Instance de Kaloum, de se présenter à un Juge du Tribunal correctionnel.
Dans la plainte du 4 décembre, le tribunal correctionnel déclare que ces journalistes « à travers leur site ont commis des faits de diffamation sur la personne, l’honneur et la dignité de Madame Zenab Dramé, l’actuelle Ministre de l’Enseignement technique.»
Dans les faits, dans une enquête publiée le 26 novembre et titrée « Exclusif : Plus de 200 milliards Gnf détournés par une ministre- Alpha Condé en colère! », le site Guineenews a écrit que la ministre « a été épinglée pour non justification de 28 milliards de francs guinéens et plus de 100 milliards de déficit qu’elle a laissé quand elle était directrice administrative et financière (DAF) au ministère de la santé.
Les sites Guinee 7 et l’Inquisiteur.net ont mené aussi des enquêtes complémentaires sur ce dossier.
Le même 26 novembre, la ministre accusée a fait un poste sur son compte Facebook. Elle a écrit que ceux qui l’accusent ainsi de détourner de l’argent public veulent sa place.
Dans la même journée, le gouvernement guinéen a publié dans la presse locale une déclaration dans laquelle il dément ces accusations, apporte tout le soutien à la ministre accusée.
Dans la soirée, toujours du 26 novembre, le bureau national des jeunes du Rpg arc en ciel, le parti au pouvoir a exigé que des enquêtes soient menées sur ce dossier.
Le lendemain, le Procureur de la République, Près le Tribunal de Première Instance de Kaloum a annoncé à la télévision nationale qu’il va ouvrir une enquête sur ce présumé détournement de deniers publics par la ministre. Alors que tous les Guinéens attendent les résultats de cette enquête, le tribunal correctionnel du TPI de Kaloum a convoqué les journalistes investigateurs.
Les Associations de presse AGUIPEL, URTELGUI, AGEPI, REMIGUI, UPLG n’ont pas tardé à réagir à cette action de la justice guinéenne
« Les Associations de presse soutiennent les journalistes « convoqués » et condamnent les agissements de Mme Dramé, qui n’a pas attendu les conclusions de l’enquête ouverte par le procureur pour détournement de deniers publics, suite aux révélations de la presse, pour porter plainte contre les journalistes pour « diffamation », comme si, elle était déjà blanchie par la justice. En tout état de cause, les Associations de presse rappellent que les lanceurs d’alerte et les dénonciateurs de corruption et infractions assimilées doivent bénéficier d’une protection spéciale de l’Etat contre les actes de représailles ou d’intimidation, selon l’article 100 de la Loi /L2017/041/AN du 4 juillet 2017 portant Prévention, Détection et Répression de la Corruption et des Infractions Assimilées » ont écrit les associations de presse.
La fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest se joint aux associations de presse de la Guinée pour exprimer sa préoccupation par rapport à la convocation des journalistes alors que les faits qu’ils reprochent à la Ministre font encore objet d’enquête. Nous appelons donc à la ministre de retirer sa plainte contre le journaliste.