Dans une démonstration d’usage disproportionnée de la force létale et de répression mortelle de manifestation, les forces de sécurité en Sierra Leone ont tué cinq personnes, blessé plusieurs et arrêté d’autres pour avoir protesté contre la décision du gouvernement de déplacer un générateur d’électricité.
Le 18 juillet 2020, les jeunes de Mankeni, une ville située à 137 kilomètres à l’est de Freetown, la capitale du pays, sont descendus dans la rue pour protester contre la décision du gouvernement de déplacer une centrale électrique de Makeni vers une autre ville, Lungi, qui selon le gouvernement a actuellement un besoin urgent d’électricité.
Des centaines de jeunes hommes et femmes ont pris d’assaut les rues pour dresser des barricades et bloquer la route afin d’empêcher le transfert du générateur Caterpillar de 1MW par la société de production et de transport d’électricité (GECT) de leur ville à Lungi.
La manifestation a sombré dans le chaos lorsque certains manifestants ont attaqué le bureau du parti au pouvoir à Makeni, endommageant portes et fenêtres. La police et l’armée ont répondu par des coups de feu et des gaz lacrymogènes, ce qui a provoqué une bousculade. Cinq personnes auraient été tuées, dont un écolier de 15 ans qui est mort peu après son arrivée à l’hôpital principal de Makeni.
Plusieurs autres personnes ont également été arrêtées. Au moins 51 personnes auraient été arrêtées en relation avec la manifestation, tandis que 10 manifestants ont été blessés. Les autorités ont été vivement critiquées pour cette répression brutale.
Le Conseil indépendant des plaintes contre la police (IPCD) a dit dans une déclaration datée du 20 juillet 2020 qu’il avait pris note de l’incident “qui aurait entraîné l’usage d’armes à feu tuant cinq membres de la population civile”. En conséquence, l’IPCB a entamé sur initiative propre, ses enquêtes préliminaires en vertu de l’article 9 dudit règlement afin de déterminer le comportement du personnel du SLP impliqué”.
Bien que la MFWA ne cautionne pas le comportement violent de certains des manifestants, nous considérons que la réponse des forces de sécurité est disproportionnée et aveugle. Elle ne répond donc pas aux normes internationales d’usage égal de force, raisonnable et appropriée dans le contrôle des foules, telles qu’établies par la Convention internationale sur les droits civils et politiques, dont la Sierra Leone est signataire.
La MFWA demande aux autorités de libérer les manifestants arrêtés et de veiller à ce que les enquêtes promises soient menées de manière approfondie afin de permettre l’arrestation et la poursuite des coupables.