Le journaliste béninois Ignace Sossou, condamné à 18 mois de prison pour avoir reproduit les propos du procureur du pays, a vu sa peine de prison réduite à 12 mois, dont la moitié avec sursis.
Le verdict de la Cour d’appel de Cotonou du 19 mai 2020 signifie que le journaliste, qui a déjà purgé cinq mois, devra passer un mois de plus en détention avant de retrouver sa liberté le 24 juin.
Sossou, qui travaille avec le média en ligne, Benin Web TV, a été condamné le 24 décembre 2019 après avoir publié sur Twitter et Facebook une partie des propos du procureur de la République, Mario Metonou. Le plaignant a accusé le journaliste d’avoir sorti ses propos de leur contexte.
Depuis l’emprisonnement de Sossou, plusieurs groupes de défense de la liberté d’expression et des droits des médias ont lancé des appels infructueux au gouvernement béninois pour qu’il intervienne afin de faire libérer le journaliste.
En février, les avocats de Sossou ont déposé une plainte concernant sa détention en auprès du groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire, selon un rapport du Consortium international des journalistes d’investigation. Les avocats ont également fait appel de la condamnation devant le tribunal local.
Le 28 avril, jour de l’une des audiences d’appel, la MFWA et sept autres organisations de défense de la liberté de la presse ont publié une déclaration appelant les autorités béninoises à le libérer, notamment au vu du risque d’infection par COVID-19 pendant sa détention. Une audience ultérieure, le 5 mai, a également été reportée au 19 mai, date à laquelle la décision a été rendue.
Le 3 mai, la MFWA et ses partenaires nationaux ont envoyé une pétition au Rapporteur spécial sur la liberté d’accès à l’information de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), Lawrence Mute, l’exhortant à intervenir dans cette affaire pour assurer la libération du journaliste.
Les avocats de Sossou, Robert Dossou et Brice Hossou, se sont dits déçus par la décision et ont insisté sur la libération pure et simple du journaliste.
La MFWA est également déçue de la décision car il semble que les autorités soient déterminées à faire purger la peine de prison du journaliste pour ce qui ne constitue pas un crime. Nous nous attendions à ce que la cour d’appel reconnaisse la condamnation injustifiée et acquitte le journaliste. Le fait d’avoir commué sa peine en 12 mois avec 6 mois de sursis envoie un message effrayant aux journalistes du Bénin, à savoir qu’ils pourraient potentiellement être emprisonnés pour avoir simplement reproduit les paroles d’autres personnes, en particulier des personnes au pouvoir. Cette décision constitue un mauvais précédent pour les futurs “délits” de presse dans le pays et souille le paysage de la liberté d’expression du Bénin.